LINCOLN ABRAHAM (1809-1865)
Le président de l'Union et la Sécession
L'élection de Lincoln fut, pour les États du Sud, le signal de la dissolution de l'Union. La Caroline du Sud, la première, promulgua une ordonnance de sécession, le 20 décembre 1860. Six autres suivirent avant même que Lincoln n'eût prêté serment le 4 mars 1861. (Quatre autres États se retirèrent plus tard.) Les représentants des États sécessionnistes se réunirent à Montgomery, en Alabama, le 8 février 1861, se constituèrent en États confédérés d'Amérique, créèrent un gouvernement provisoire et élurent un président provisoire, Jefferson Davis.
La lutte pour la reconstitution de l'Union
À mesure que les États du Sud faisaient sécession, ils s'emparaient des forts et autres établissements fédéraux situés sur leur territoire. Fort Sumter, dans la baie de Charleston, résista. Le 12 avril, les forces confédérées ouvrirent le feu sur le fort qui se rendit deux jours plus tard. Lincoln répondit en faisant intervenir la garde nationale, en demandant des volontaires et en proclamant le blocus des ports sudistes.
Des armées se formèrent et s'équipèrent du mieux qu'elles purent. La stratégie des confédérés était claire ; leurs troupes devaient adopter des positions défensives et repousser l'invasion. Le Nord voulait aller de l'avant. Le général Winfield Scott, commandant les armées fédérales, et Lincoln cédèrent à contrecœur à la pression de l'opinion. À la mi-juillet, une armée fédérale, conduite par Irwin McDowell, s'avança pour frapper les forces confédérées disposées sur les rives du Bull Run, à quarante kilomètres au sud-ouest de Washington. Il en résulta une défaite désastreuse pour les troupes de l'Union.
L'échec du Bull Run fit brutalement prendre conscience au Nord du fait que la guerre serait longue et difficile. Lincoln réclama un plus grand nombre de volontaires et confia à un jeune général, George B. McClellan, le soin d'organiser et d'entraîner les armées de l'Est. Neuf mois passèrent avant que McClellan ne bougeât. Puis il frappa à Richmond, alors capitale des confédérés, en transportant ses troupes par mer dans la péninsule située entre les rivières York et James. Il arriva en vue de Richmond, mais fut repoussé au cours de violents combats qui lui causèrent de lourdes pertes.
C'est à Lincoln qu'incombait la responsabilité de choisir les chefs militaires capables de remporter des victoires. Après l'échec de McClellan, Lincoln essaya une série de commandants en chef : John Pope, Ambrose E. Burnside, McClellan à nouveau, Joseph Hooker. Tous subirent de graves défaites, sauf McClellan qui remporta une prétendue victoire à Antietam, contraignant le général Robert E. Lee, chef de l'armée confédérée de Virginie du Nord, à quitter le Maryland et à se retirer en Virginie.
Une dimension anti-esclavagiste
L'importance d'Antietam n'était pas seulement militaire. Au début de l'été 1862, Lincoln avait décidé de proclamer l'émancipation des Noirs. Des membres de son cabinet l'en dissuadèrent, arguant du fait que, venant après une série de défaites, un tel acte apparaîtrait comme une mesure de désespoir. Mais la bataille d'Antietam, livrée le 17 septembre, pouvait être considérée comme une victoire. Lincoln fit donc sa proclamation le 22 septembre. Même si elle eut des résultats peu concluants, elle donna une nouvelle dimension à la guerre. Jusque-là, il s'agissait d'une guerre pour reconstituer l'Union ; désormais, ce serait une guerre pour reconstituer l'Union et mettre fin à l'esclavage.
Pendant ce temps, les forces de l'Union dans l'Ouest avaient eu des résultats autrement impressionnants que celles engagées à l'Est. En février 1862, elles s'emparèrent de Fort Henry et de Fort Donelson sur[...]
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Écrit par
- Paul M. ANGLE : membre de la Chicago Historial Society, Chicago
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