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ABRÉACTION

Terme utilisé en psychiatrie et en psychothérapie et qui traduit l'allemand Abreagiren, mot inconnu sans doute avant Breuer et Freud. Dans le sens le plus général, l'abréaction désigne toute décharge émotionnelle qui permet à un sujet d'extérioriser un affect lié à un souvenir traumatique et, en conséquence, de se libérer de son poids pathogène. Parfois, le malade « abréagit » spontanément (abréaction spontanée ou accidentelle), par exemple lorsque l'événement traumatique est récent. Le thérapeute peut, notamment, provoquer l'abréaction par l'hypnose (abréaction provoquée ou secondaire). L'effet produit est appelé catharsis (purification, purgation).

C'est entre 1880 et 1895 que la méthode thérapeutique dite cathartique fut employée par Breuer et Freud. Selon eux, « si les représentations devenues pathogènes maintiennent leur activité dans toute leur fraîcheur et sont toujours aussi chargées d'émotion, c'est parce que l'usure normale due à une abréaction et à une reproduction où les associations libres ne seraient pas gênées leur est interdite » (Étude sur l'hystérie, 1895). Dans la mesure où Freud prit de plus en plus en considération les phénomènes de résistance, de transfert et les processus de travail psychologique, il négligea l'effet cathartique lié à l'abréaction. Cependant, toute cure psychanalytique contient, à des degrés variables, selon les sujets et la structure à laquelle ils appartiennent, des manifestations de décharge émotionnelle.

Des psychiatres non psychanalystes ont cherché à provoquer des effets semblables à ceux qu'obtenaient Breuer et Freud par l'hypnose, en employant des agents chimiques variés : ainsi, H. Claude proposa l'éthérisation chez les déments précoces ; H. Baruk, la scopochloralose chez les hystériques ; J. Delay, le choc amphétaminique chez les schizophrènes. La subnarcose aux barbituriques (narco-analyse sous divers noms) est toujours employée, mais tout autant controversée. L'interprétation des résultats est délicate ; comment apprécier la part de la « manipulation » psychologique exercée sur un patient semi-inconscient ? C'est, entre autres raisons, parce qu'il redoutait les effets de la suggestion que Freud abandonna la technique de l'hypnose. Qui plus est, les troubles peuvent fort bien se déplacer pour ressurgir ailleurs.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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