MADELEINE ABRI DE LA, site préhistorique
L' abri de la Madeleine s'ouvre au cœur même du Périgord, à Tursac en Dordogne. Il s'agit de l'un des plus vastes et des plus riches gisements paléolithiques connus sous abri. Il offre une importante séquence stratigraphique de la fin de la dernière ère glaciaire. Depuis 1872 et les travaux de Gabriel de Mortillet, la Madeleine constitue le site éponyme de l'ultime époque de la fin du Paléolithique : le « Magdalénien » (environ 18000-12000 av. J.-C.). Plus tard, les subdivisions du Magdalénien supérieur établis par Henri Breuil se fonderont sur la séquence stratigraphique mise au jour et interprétée par Denis Peyrony entre 1910 et 1913.
Le site est découvert en 1863 par Édouard Lartet. À cette époque l'ancienneté de l'homme et sa contemporanéité avec certaines espèces animales disparues font encore l'objet d'âpres débats dans le monde académique. La découverte en 1864 d'une défense d'ivoire ornée d'un mammouth soigneusement gravé va constituer une preuve décisive de cette ancienneté.
Un vaste abri naturel
L'abri est creusé au pied d'une imposante falaise calcaire de 45 mètres de hauteur et de 500 mètres de longueur. Elle est orientée au sud et bénéficie donc d'un exceptionnel ensoleillement. L'abri préhistorique s'étend sur près de 250 mètres de longueur, sur la rive droite de la Vézère et au sortir d'un ample méandre.
L'abri est fouillé sans méthode jusqu'en 1865 par E. Lartet et le banquier Henry Christy. Seuls les niveaux supérieurs du site dans sa partie centrale sont alors explorés. Les couches archéologiques affleurent et, dès les premiers coups de pioches, ce sont des milliers de silex, d'outils en os et bois de renne, d'ossements ainsi que des dizaines d'objets ornés (ossements et pierres gravés) qui surgissent. Les industries préhistoriques issues de ces premières fouilles sont utilisées en 1872 par G. de Mortillet pour caractériser l'époque baptisée « Magdalénien ».
D. Peyrony entreprend, de 1910 à 1913, l'évacuation des anciens déblais et l'exploration méthodique des parties restées vierges. Il fouille ainsi du fond de l'abri à la limite du surplomb rocheux sur toute la longueur du gisement. On lui doit la première reconnaissance stratigraphique de trois couches principales de Magdalénien qu'il distingue sur une base sédimentologique et archéologique et qu'il publie tardivement (1928). H. Breuil adapte en 1912 les stades IV, V et VI de sa chronologie du Magdalénien récent aux couches inférieure, moyenne et supérieure de la stratigraphie Peyrony.
Le site est de nouveau étudié de 1968 à 1983 par Jean-Marc Bouvier. Ses fouilles apportent des précisions sur la séquence stratigraphique, les paléoenvironnements et fournissent plusieurs datations au carbone 14 qui calent précisément la séquence magdalénienne. Il identifie dix-huit niveaux archéologiques entrecoupés de niveaux d'effondrements ou d'inondations sur une épaisseur de 6,50 m. La faune chassée et consommée montre deux ensembles distincts, l'un avec une forte proportion de renne et une présence importante du cheval et l'autre où le renne domine très largement.
Le site de la Madeleine déroule le film de la vie magdalénienne sur près de 1500 ans. L'empierrement des sols, les nombreux foyers, les structures remarquables en cuvettes où étaient déposés des blocs et des dalles gravés, mais aussi les milliers d'objets (armes et outils) taillés dans le silex, l'os ou le bois de renne et les centaines d'objets gravés et sculptés découverts sur toute la séquence stratigraphique témoignent de la richesse et de l'intensité des occupations humaines sous l'abri. Mais la vie durant la préhistoire peut être brève. En 1926, Peyrony découvre la sépulture d'un enfant de deux à quatre ans accompagnée d'un mobilier[...]
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Écrit par
- Patrick PAILLET : docteur en préhistoire, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Médias
Autres références
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ABRI-SOUS-ROCHE
- Écrit par Marie-Thérèse BOINAIS
- 626 mots
Parmi les divers types de gisements préhistoriques, les abris-sous-roche, sites d'habitat installés au pied des falaises et simplement protégés par un surplomb rocheux, sont extrêmement nombreux dans toutes les régions du globe, non seulement en Europe, notamment dans la région dite franco-cantabrique,...