ABSTENTIONNISME
Le droit de vote est une prérogative essentielle des citoyens dans un régime démocratique. On appelle participation électorale le fait de l'exercer dans les bureaux de vote ou par correspondance. L'abstentionnisme est pour sa part l'attitude de ceux qui s'abstiennent d'exercer leur droit de vote. Les électeurs régulièrement inscrits sur les listes électorales qui ne prennent pas part au scrutin sont recensés comme abstentionnistes. On qualifie de non-inscrits les citoyens qui se trouvent privés de leurs droits politiques du fait d'un défaut d'inscription. Leur nombre, en France, est évalué en 2012 à environ 7 p. 100 des électeurs potentiels (environ trois millions de citoyens français disposant de leurs droits politiques). L'abstentionnisme se définit et se mesure donc de deux manières : au sens restreint, il est calculé par rapport aux inscrits ; au sens large, il inclut les non-inscrits.
La plupart des citoyens participent de manière plus ou moins régulière aux élections. Toutefois, certains d'entre eux sont parfois empêchés ou ne se sentent pas suffisamment concernés pour prendre la peine de se déplacer. D'autres choisissent délibérément de s'abstenir pour des motifs politiques, par exemple parce qu'ils veulent exprimer un mécontentement ou parce qu'aucun candidat ne leur convient. Mais des électeurs choisissent aussi d'exprimer des sentiments comparables par l'intermédiaire de votes « blancs » ou « nuls », ou en se prononçant en faveur de partis protestataires. La participation et l'abstention peuvent ainsi revêtir, selon les cas, des significations opposées ou proches.
De nombreuses enquêtes ont montré que l'abstentionnisme électoral était lié à un grand nombre de facteurs différents. Diverses traditions d'explication ont mis l'accent sur certains de ces facteurs. Il faut dépasser ces oppositions pour mieux expliquer ce phénomène social complexe et pour comprendre les raisons de sa progression dans la période contemporaine.
La variation des niveaux de participation électorale
Variations nationales
Le niveau de participation électorale varie selon les pays, c'est-à-dire, pour une part, selon les modes d'organisation des élections. Ainsi, la participation est étendue dans les pays où le vote est « obligatoire » (Belgique), même si le manquement à cette « obligation » est rarement sanctionné. La participation est faible en Suisse où la multiplication des votations (référendums, parfois d'initiative populaire) réduit la portée des élections et lasse certains électeurs. Elle est également faible aux États-Unis, notamment parce que les élections y sont organisées un jour ouvrable de la semaine.
Variations par type d'élections
Aux États-Unis, la participation aux élections à mi-mandat présidentiel est de 15 points inférieure à celle que l'on enregistre quand il y a une élection présidentielle. En France, les élections présidentielles connaissent la participation moyenne la plus élevée, puis les législatives, les municipales, les régionales, les cantonales et les européennes. D'une manière générale, la participation est plus élevée lors des élections « nationales » comparées aux « locales », ou pour les élections générales relativement aux partielles. Les élections dont les enjeux de pouvoir institutionnel sont faibles ou perçus comme tels (européennes) attirent peu les électeurs.
Variations en fonction des configurations politiques
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Écrit par
- Daniel GAXIE : professeur émérite à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne
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