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ABŪ L-‘ATĀHIYA (747 env.-env. 825)

Situation de l'œuvre poétique

Nous aurions tort de voir seulement dans ces thèmes ce que, tant de siècles auparavant, l'Ecclésiaste avait énoncé. Pour en mesurer l'exacte portée, il convient de les replacer en leur temps et de les juger en fonction d'un public. Songeons à leur effet sur ce monde blasé de la cour bagdadienne où la délectation morose est source de plaisir. Replaçons-les aussi dans cet Iraq du viiie siècle finissant, où la mystique s'ébauche et se développe à partir d'une ascèse proche de celle que prêche Abū l-‘Atāhiya. Ne perdons pas de vue, enfin, tout ce qui subsiste du dualisme manichéen à l'époque du poète qui, au surplus, à maintes reprises, dans ses vers, oppose la lutte éternelle entre le bien et le mal dans l'univers créé. Alors, les poèmes ascétiques d'Abū l-‘Atāhiya prennent toute leur importance dans un ensemble qui les explique. Ils sont un effort pour engager la poésie dans une voie autre que l'afféterie du style qui la guette ; à bien des égards, cette poésie représente aussi une forme vivante qui maintient étroit le contact avec la pensée populaire ou avec ce qui lui ressemble ; sur un autre point, enfin, elle constitue un aspect de l'humanisme iraqien, puisqu'elle s'écarte du quiétisme général pour restituer à l'homme sa place dans un monde où il n'est rien et où, pourtant, son instinct le pousse à subsister.

— Régis BLACHÈRE

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I, directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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