ABU SIMBEL
Le grand temple
Le plus méridional des deux édifices, et aussi le plus grand, a été consacré par Ramsès II au dieu Rê-Horakhty ainsi qu'à la forme divinisée du roi lui-même, et porte le simple nom de « Maison de Ramsès aimé d'Amon ». Il est orienté vers l'est de manière telle que, deux fois par an, aux équinoxes, les rayons du soleil levant, pénétrant dans le temple par l'étroite porte d'entrée, venaient frapper de face et éclairer les statues au fond du naos.
La porte d'accès au temenos permet de pénétrer dans l'avant-cour, puis sur la terrasse, tandis que le niveau du sol s'élève graduellement. La façade de grès rose est large de près de 40 mètres et haute d'une trentaine de mètres. Elle culmine au-dessus du niveau de la mer de près de 200 mètres, ayant été rehaussée d'une soixantaine de mètres environ après le déplacement des temples. De part et d'autre de l'étroite porte d'entrée, quatre gigantesques colosses de Ramsès II assis, d'une vingtaine de mètres de hauteur et taillés dans le roc, gardent l'accès de l'édifice. En dépit de leur monumentalité, les colosses sont d'une exécution parfaite. Le roi, vêtu d'un pagne, mains posées sur les genoux, coiffé du némès surmonté du pschent (réunion de la couronne rouge de Basse-Égypte et de la couronne blanche de Haute-Égypte) est flanqué de membres de sa famille : sa mère, la reine Touy, la grande épouse Nefertari et quelques-uns de ses nombreux enfants. Sur les colosses sud, on notera la présence de nombreux graffiti dont un en grec, laissés par des mercenaires de l'armée de Psammétique II, conduite par les généraux Potasimto et Amasis, qui guerroya en Nubie. Une niche surmonte la porte, dans laquelle le dieu Rê-Horakhty à tête de faucon et corps d'homme, tenant le sceptre ouser et accompagné de la déesse Maât, représente, sous forme de cryptogramme, le prénom du roi : Ousermaâtrê. Au sommet de la façade, vingt-deux cynocéphales, disposés en frise, adressent une adoration perpétuelle au soleil levant auquel ils font face.
On pénètre ensuite dans une salle souterraine qui remplace la cour à ciel ouvert des temples de type classique. Le plafond en est maintenu par deux rangées de quatre piliers carrés de type osiriaque auxquels sont adossées de part et d'autre de l'allée centrale les statues d'Osiris momifié à l'effigie de Ramsès tandis que les trois autres faces sont occupées par les images des dieux majeurs du panthéon ramesside. Sur les parois de la salle sont gravées des scènes rituelles, mais aussi des faits de guerre. Ainsi, la paroi nord a été entièrement consacrée à l'épisode célèbre de la bataille de Kadech qui vit s'affronter, en l'an 5 du règne de Ramsès II, les Égyptiens aux Hittites et à leurs alliés de Syro-Palestine. Cette bataille, pour n'être pas décisive, eut néanmoins des conséquences historiques importantes puisque la paix fut conclue entre les anciens ennemis, paix qui sera même scellée plus tard par un mariage entre Ramsès II et une fille du souverain hittite ; une stèle à l'extérieur du temple commémore l'événement. Ce récit de la bataille de Kadech, gravé à la gloire du souverain, est d'une exceptionnelle richesse de détails et tout à la fois d'une sûreté et d'une rapidité de trait qui sont les caractéristiques de l'art ramesside à son apogée. Cette même bataille prendra l'allure d'un poème épique sous la plume du scribe Pentaour et sera gravée sur les parois de plusieurs temples, en Égypte même (à Abydos, Karnak, Louxor, au Ramesseum).
L' hypogée est prolongé par une deuxième salle, l'hypostyle, soutenue par quatre piliers carrés, ornés des représentations du roi et des dieux. Sur les murs, des scènes rituelles nous montrent[...]
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Écrit par
- Christiane M. ZIVIE-COCHE : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section
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