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ABŪ TAMMĀM (804-845)

Nous ne savons presque rien de la vie d'Abū Tammām, alors qu'il fut le commensal d'un calife. Grand classique, il s'attire cependant les foudres des maîtres de la critique médiévale qui tiennent son écriture pour le modèle de l'anti-poésie arabe. Ainsi, sa fortune doit autant à son talent, qui fut grand, qu'aux controverses théoriques qu'il provoqua.

De Damas à Mossoul

Les rares sources qui parlent de Abū Tammām, al-Ḥabīb b.'Aws, le font naître en 804 ou 806 (188/190 de l'hégire) à Djāsim, petit village à quelques lieux de Damas. Sa famille aurait été d'origine byzantine. Son père, chrétien, se serait installé à Damas. Étrange ascendance pour un homme qui arabisa le nom paternel de Thadhus en 'Aws, se rattacha à la tribu des Ṭayyi', et devint un partisan acharné des Arabes du Sud. Abū Tammām semble avoir passé son enfance à Damas. Il se retrouve au Caire vers l'âge de dix-sept ans. Il gagne sa vie comme porteur d'eau à la grande mosquée dont il suit les cours durant cinq ou six années. Il écrivit son premier poème au Caire et le dédia à un obscur collecteur d'impôts qui ne lui en fut guère reconnaissant. Il est encore en Égypte vers 214/830 après J.-C., puis revient en Syrie. Il fait des séjours en Arménie et à Mossoul. À Ḥimṣ (Homs), il se lie avec le poète Dīk al-Djinn, que l'on peut considérer comme son maître. Il entame une carrière de panégyriste et arrive peu à peu à pénétrer les milieux de la cour. Il dédie deux poèmes au calife al-Ma'mūn, mais le souverain n'aime ni son étalage de bédouinisme ni probablement ses sentiments pro-alides. Par contre, son successeur al-Mu’taṣim l'apprécie au point d'en faire son commensal. De brillants succès militaires lui valent huit grandes odes dont certaines sont tenues pour les plus importantes qu'ait écrites le poète. Le calife al-Wāthiq, successeur d'al-Mu’taṣim, est plus tourné vers les plaisirs que vers les combats. Abū Tammām ne trouve guère l'occasion d'exercer ses talents de barde de l'héroïsme. Il se consacre à l'éloge de hauts personnages, quitte souvent Bagdad pour séjourner auprès de protecteurs qui entretiennent des cours provinciales. Il finit par obtenir une charge de maître des postes à Mossoul, où il meurt deux ans après, en 231/845 ou 232.

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