ABYDOS
Les cénotaphes royaux et le temple de Séti Ier
Les pharaons adoptèrent également l'usage du cénotaphe, dont le temple de Séti Ier est l'exemple le plus remarquable. Avant lui, dans la partie sud du site, à près de trois kilomètres de Kom es-Sultan, des bâtiments ayant la même fonction avaient été édifiés pour Sésostris III (XIIe dynastie), Amosis, le fondateur de la XVIIIe dynastie, et sa grand-mère Tetisheri. D'autres constructions de même type au nom de souverains de la XVIIIe dynastie sont citées dans les textes mais n'ont pas été retrouvées.
Le mieux préservé de ces édifices est le temple de Séti Ier, situé au sud de Kom es-Sultan ; il fut achevé par son fils Ramsès II qui fit reproduire, entre autres, sur le premier pylône (aujourd'hui détruit) les scènes célèbres de la bataille de Kadech.
Le temple présente une forme en L tout à fait inhabituelle dans les monuments égyptiens et plusieurs autres particularités architecturales. Deux cours, fermées par deux pylônes, précédaient deux hypostyles. Dans l'état actuel, le portique de la deuxième cour sert de façade au temple. Il était primitivement percé de sept portes qui furent pour la plupart murées par Ramsès II. Il y fit graver des scènes relatives au culte rendu à son père. Chacune des hypostyles est divisée en sept travées correspondant aux sept chapelles du fond du temple. Les décors, tant sur les murs que sur les colonnes, sont dus à Ramsès II. Le fond du temple se compose non pas d'un sanctuaire unique comme c'est le plus fréquemment le cas, mais de sept chapelles, respectivement consacrées à Séti lui-même, à Ptah, à Rê-Horakhty, à AmonRê, à Osiris, à Isis et à Horus. À l'exception de celle de Séti, dédiée à la mémoire du souverain, elles contenaient sans doute chacune une barque portative pour la divinité. La chapelle d'Osiris communique à l'arrière avec d'autres salles où sont figurées des scènes appartenant au mythe osirien.
L'autre bras du L, l'aile sud du temple, comporte des chapelles dédiées aux dieux memphites Ptah-Sokaris et Nefertoum. Un long vestibule donnant accès à des magasins est orné d'une très belle scène dépeignant Ramsès II et un de ses fils capturant un bœuf au lasso, et surtout porte la liste des cartouches de soixante-seize pharaons qui, depuis Ménès, ont précédé Séti ; cette table des rois, bien qu'incomplète, est une des sources historiographiques les plus importantes pour la chronologie égyptienne. Toutes ces représentations, en léger relief rehaussé de couleurs qui ont gardé leur éclat, constituent par leur finesse, leur précision, leur équilibre et leur élégance, un des sommets de l'art égyptien. Dans l'angle du L s'élève une construction en brique crue qui était peut-être une sorte de palais, doté de magasins et de réserves.
Ce temple, le Memnonium de Strabon, est complété à l'arrière par un édifice indépendant, tout à fait unique dans sa conception. Il est connu sous le nom d'Osireion et forme le cénotaphe proprement dit du pharaon. Entreprise par Séti Ier, sa construction a été poursuivie par Merenptah, mais elle ne fut jamais achevée. Un long corridor, couvert de textes religieux funéraires, empruntés au Livre de ce qu'il y a dans l'au-delà et au Livre des portes, ouvre sur un vestibule. En tournant à angle droit, on parvient, après avoir traversé plusieurs pièces, à la chambre centrale conçue comme une île entourée d'un canal, lui-même bordé par un mur où sont creusées dix-sept niches. L'accès à l'île se faisait uniquement par deux escaliers partant du fond du canal ; l'île est creusée de deux cavités qui auraient été destinées à abriter le sarcophage et les vases canopes. Ce dispositif, partiellement couvert et qui était bordé d'une[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christiane M. ZIVIE-COCHE : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section
Classification
Médias
Autres références
-
ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique
- Écrit par François DAUMAS
- 12 278 mots
- 17 médias
...les fouilles nous ont rendu les tombeaux royaux. Jusqu'aux années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale, on situait ces tombeaux dans le désert d' Abydos : on y avait trouvé, dans des monuments funéraires très ruinés, des inscriptions et quelques stèles portant des noms de rois appartenant aux deux... -
ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie
- Écrit par Jean LECLANT
- 9 512 mots
- 9 médias
...période charnière particulièrement importante, puisqu'elle vit les débuts de l'écriture et d'une organisation politique combien originale : à Abydos, où des fouilles avaient été menées de façon malheureusement sommaire au début du xxe siècle, les archéologues allemands ont mis en évidence... -
ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - La religion
- Écrit par Jean VERCOUTTER
- 11 389 mots
- 24 médias
...malheureusement guère laissé de traces dans les monuments ou la littérature. Il est certain que les Égyptiens pratiquaient les pèlerinages. Le pèlerinage à Abydos, où repose la tête d'Osiris, et celui à Bubastis sont parmi les plus populaires ; les morts eux-mêmes les accomplissaient et les représentations... -
ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art
- Écrit par Annie FORGEAU
- 11 453 mots
- 30 médias
...de briques, surmontées parfois d'une couverture de bois et de roseau soutenue par des piquets. L'une des tombes les plus élaborées a été retrouvée à Abydos en 1988 ; elle comprend douze pièces, dont neuf servaient de magasins où étaient entreposées des centaines de vases, preuve de l'importance accordée... - Afficher les 7 références