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INCAMMINATI ACADÉMIE DES

<it>Le Massacre des Innocents</it>, G. Reni - crédits :  Bridgeman Images

Le Massacre des Innocents, G. Reni

Le développement des académies en Italie dans la seconde moitié du xvie siècle répond au besoin de donner un encadrement, une valeur théorique, aux tendances multiples et contradictoires issues du maniérisme. L'Accademia fiorentina, établie par Cosme Ier dès 1540, se préoccupait de définir les règles de la pensée, mais aussi celles de l'art idéal, qui devaient être codifiées ensuite par Vasari et ses émules au sein de l'Accademia del disegno, fondée en 1562. À Rome, une académie de dessin remplaçait en 1577 l'ancienne corporation de Saint-Luc. À Bologne, c'est un Anversois, Denis Calvaert, qui crée la première institution de ce genre, mais c'est aux Carrache, Ludovic, Annibal et Augustin qu'on doit la plus célèbre : l'Accademia degl'incamminati (les acheminés). Fondée en 1585 à Bologne, elle attira, jusqu'à la fin du siècle et au-delà, tous les jeunes peintres émiliens doués de talent ou d'ambition, dont Ludovic assuma la formation après le départ pour Rome, en 1595, d'Augustin et d'Annibal. En réaction contre les excès et la démesure du maniérisme, l'enseignement des Carrache leur proposait un équilibre entre un nécessaire retour au naturel (l'école s'appela d'abord Accademia del naturale) et un idéalisme conscient, élaboré à partir de la grande tradition italienne. On prête à Augustin Carrache un sonnet en l'honneur de Nicoló dell'Abate (sans doute composé ultérieurement comme un manifeste polémique) prônant un accord idéal entre la puissance de Michel-Ange, le naturel de Titien, la pureté de Corrège, l'harmonie de Raphaël, l'invention de Primatice et la grâce de Parmesan. Cet éclectisme répondait d'ailleurs à l'orientation que préconisait le concile de Trente, recommandant un art retenu, moins soumis à la beauté plastique qu'à la vérité expressive et à l'inspiration spirituelle. Quoi qu'il en soit, cet enseignement assura le prestige de l'école et ses membres les plus remarquables (Guido Reni, l'Albane, le Dominiquin) furent bientôt appelés à Rome où ils firent tous de brillantes carrières et formèrent de nombreux disciples.

— Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE

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<it>Le Massacre des Innocents</it>, G. Reni - crédits :  Bridgeman Images

Le Massacre des Innocents, G. Reni

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  • CARRACHE LES

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    • 7 médias
    ...se retrouvera dans le Mangeur de fèves (Rome) et dans plusieurs portraits. Peu après, les trois artistes fondent à Bologne une académie, dite des Incamminati, où les jeunes peintres pouvaient apprendre cette vérité nouvelle que la culture artistique ne doit pas empêcher d'observer le monde quotidien....
  • DÉCORS D'ANNIBAL CARRACHE, PALAIS FARNÈSE (Rome)

    • Écrit par
    • 211 mots
    • 1 média

    Lorsqu'il est appelé à Rome, en 1595, Annibal Carrache est déjà un peintre célèbre. À Bologne, avec son frère Augustin et son cousin Ludovic, ils ont fondé en 1585 l'Accademia degl'incamminati, une académie appelée à servir de modèle, réalisé de nombreux tableaux d'autel, décoré le palais...

  • ÉMILIE

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    • 2 403 mots
    • 2 médias
    ...et trouve son parfait achèvement à la galerie Farnèse, à Rome ? (Car c'est surtout à Rome que les peintres émiliens, issus de la fameuse académie des Incamminati fondée par les Carrache, ont créé leurs plus grandes œuvres). Le Guerchin (1591-1666) n'est-il pas déjà un romantique, lui qui promène son...