ACARIENS

Nutrition et excrétion

Les acariens ont conquis des milieux très divers et ont de ce fait une alimentation très différente selon les espèces (détritivores, prédateurs carnivores, parasites externes – ectoparasites – de plantes et d'animaux). En général, comme chez de nombreux chélicérates, des glandes situées à la base des appendices buccaux déversent sur les aliments une sécrétion qui permet leur digestion partielle avant leur ingestion. Les acariens ectoparasites injectent cette sécrétion dans leurs hôtes, où elle se propage dans les tissus pour assurer leur prédigestion (digestion extra-intestinale). Ils aspirent ensuite ces tissus solubilisés qui constituent un liquide nutritif. Les pièces buccales sont alors adaptées à la succion, et un pharynx musculeux joue le rôle de pompe aspirante. Un œsophage plus ou moins long débouche dans l'intestin moyen, qui possède des cellules douées de phagocytose (mécanisme permettant à une cellule d'ingérer des particules extracellulaires) et au sein desquelles se poursuit la digestion (digestion intracellulaire). Chez certains acariens adultes (tiques), l'intestin postérieur et l'anus sont absents, les déchets de la digestion du sang demeurant alors dans l'intestin moyen.

Le groupe des tiques (Ixodida ou Metastigmata) est exclusivement hématophage. Le sang est prélevé sur des hôtes spécifiques grâce à une piqûre réalisée avec le rostre. Une paire de glandes salivaires libère dans l'hôte, lors du repas sanguin, des enzymes protéolytiques, des anticoagulants, des prostaglandines et des toxines. Chez les Ixodidae (« tiques dures »), les glandes salivaires dégénèrent après chaque repas, puis se reforment. Après une digestion partielle à l'intérieur de l'intestin moyen, le matériel soluble du sang hémolysé est absorbé par les cellules intestinales par phagocytose et pinocytose (mécanisme d'absorption de gouttelettes de liquide par les cellules). La digestion se poursuit à l'intérieur des cellules grâce à l'action des lysosomes. Chez les Argasidae (« tiques molles » ou argasides), la digestion est initiée par la prise du repas sanguin. Dans tous les cas, des activités neurosecrétrices paraissent liées à la digestion.

Les tiques ont développé des mécanismes permettant de concentrer les éléments nutritifs du sang, qui ne contient que 18 p. 100 de protéines et 0,3 p. 100 de lipides. Chez les Ixodidae, les glandes salivaires rejettent périodiquement, durant le repas, le surplus d'eau et de sels minéraux dans l'hôte. Les Argasidae, quant à eux utilisent un système d'ultrafiltration de leur milieu hémolymphatique au niveau d'organes dits « coxaux » car situés à la base de la première paire de pattes. Le liquide non retenu, appelé liquide coxal, commence à être évacué dès le début du repas sanguin et continue à l'être durant quelques heures après sa fin.

L'excrétion des résidus de la digestion se fait par une paire de tubes de Malpighi, sous forme de xanthine, d'hypoxanthine ou de cristaux de guanine de taille quelquefois considérable. Ces substances sont rejetées par l'intermédiaire d'un uropore ventral et généralement postérieur, fermé par deux plaques latérales et quelquefois pourvu d'un appareil mécanique très perfectionné (chez les oribates).

Grâce à des substances hygroscopiques qui sont synthétisées par leurs glandes salivaires, les tiques sont capables, durant les périodes de jeûne prolongé, de récupérer la vapeur d'eau de l'atmosphère.