ACCADEMIA DELLA CRUSCA
Académie littéraire italienne fondée à Florence en 1582 dans le but de purifier le toscan, langue littéraire de la Renaissance italienne. En partie grâce aux efforts de ses membres, le toscan, tel notamment que Pétrarque et Boccace l'avaient employé, devint au xvie et au xviie siècle un modèle pour la littérature italienne, bien que la rigidité avec laquelle l'Académie appliquait ses critères linguistiques ait amené le grand critique Francesco de Santis à l'appeler « le concile de Trente de la langue italienne ». Elle est demeurée active jusqu'à nos jours et se consacre actuellement à des études et des publications linguistiques et littéraires.
Fondée par cinq membres de l'Accademia fiorentina, dans le but de séparer dans la langue le pur de l'impur (crusca signifie littéralement « son » ou « balle de grain »), l'Accademia della Crusca s'est immédiatement érigée en arbitre de la littérature de son temps. Ses membres ont rédigé de nombreux commentaires sur Pétrarque et Boccace, leurs modèles du bon usage ; ils ont compilé des dictionnaires et des listes de phrases et d'images correctes puisées chez ces auteurs ; ils ont aussi retranscrit de nombreuses œuvres dans ce qu'ils jugeaient être le pur toscan. L'une de leurs premières cibles fut le Tasse : son épopée Jérusalem délivrée (Gerusalemme liberata, 1581), très attaquée par ailleurs pour des raisons morales, ne répondait pas aux règles de l'Académie, et celle-ci porte sa part de responsabilité dans la révision qu'il en fit ; la nouvelle version, Gerusalemme conquistata (1593), est très inférieure à la première. Les membres de l'Académie acquirent une réputation de conservatisme linguistique et, en 1612, ils commencèrent la publication de leur dictionnaire officiel, Le Vocabolario degli accademici della Crusca, entreprise qui se poursuit encore.
Supprimée à la fin du xviiie siècle, l'Académie fut rétablie par Napoléon en 1808 et obtint son autonomie en 1811. Au début du xxe siècle, la législation italienne a limité les activités de l'Académie à la publication des classiques et de documents et périodiques linguistiques.
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Écrit par
- Jean-Paul MOURLON : maître ès lettres modernes, professeur au lycée de Tiaret, Algérie
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