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BHOPAL ACCIDENT CHIMIQUE DE (2-3 décembre 1984)

Le 3 décembre 1984, un nuage de gaz mortel a flotté au-dessus de Bhopal, État du Madhya Pradesh en Inde, formé à partir de 40 tonnes de méthyle isocyanate (MIC) échappé d’une importante usine de pesticides de la firme multinationale américaine Union Carbide. Selon les chiffres officiels, cette « brume étrange » a provoqué la mort de 6 495 victimes, plus probablement, selon les observateurs, au moins une dizaine de milliers de morts.

Le MIC est un produit très dangereux, car inflammable, volatil, toxique et explosif si sa concentration dans l’atmosphère est supérieure à 6 %. Le MIC fabriqué à Bhopal était ensuite stocké dans trois réservoirs de plus de 68 000 litres chacun. Des fuites de MIC avaient déjà été constatées en janvier 1982 (15 ouvriers tués), puis en août 1982 (pas de victime). Enfin, en octobre 1982, une fuite plus importante avait eu des répercussions à l'intérieur et à l'extérieur de l'usine. Il faut dire que les ouvriers, de plus en plus nombreux, venaient avec leur famille et logeaient à proximité immédiate du site, accompagnés de nombreux petits commerçants. Il n'y avait donc aucun périmètre de sécurité autour de l'installation mais, en revanche, une forte densité de population, contraire à toutes les règles de prévention.

Catastrophe chimique de Bhopal, Inde - crédits : STR / AFP Files/ AFP

Catastrophe chimique de Bhopal, Inde

Le 2 décembre 1984, peu avant minuit, un ouvrier du service d'entretien réparait une fuite de MIC. Une forte explosion s'ensuivit, due, semble-t-il, à une réaction chimique du produit avec de l'eau restée dans un des réservoirs à la suite d'un nettoyage mal surveillé. Cette explosion fit dans l'immédiat 323 morts et 260 000 blessés, mais de nombreuses personnes devaient décéder plusieurs mois, voire plusieurs années plus tard.

Si on analyse la situation de Bhopal, on peut dire que toutes les conditions d’une catastrophe étaient réunies. Les incidents ou accidents précurseurs n'avaient pas été analysés et suivis d'effets. Le personnel, en majorité indien et qui ne parlant généralement que le hindi, ne pouvait ni lire ni comprendre les inscriptions de sécurité en anglais. L'absence de personnel de sécurité lors des phases d'entretien des réservoirs d'une part, la gestion de crise qui n'avait pas été prévue d'autre part, ainsi que des secours qui seront lents à se mettre en place et, de plus, inadaptés à un accident chimique majeur accroîtront le nombre des victimes. On peut ajouter la dilution des responsabilités entre les autorités indiennes et les dirigeants de l'usine qui a permis à la population de s'implanter à quelques mètres des grilles de celle-ci, ainsi qu'un excès de confiance d'Union Carbide, qui avait pourtant reçu des avertissements aux États-Unis au sujet de la dangerosité de ses usines.

Cet ensemble de lacunes a créé un système à risques qui a fini par échapper totalement au contrôle de l'homme et a entraîné, presque à coup sûr, cette catastrophe industrielle, l’une des plus importantes de l’histoire.

L’Inde a demandé, devant les tribunaux, 2,6 milliards de dollars à Union Carbide. Mais quand le Premier ministre Rajiv Gandhi se rendit à Washington pour convaincre les Américains d’investir dans son pays, Delhi abandonna toute poursuite et accepta, en 1989, 470 millions de dollars pour solde de tout compte.

— Yves GAUTIER

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

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Catastrophe chimique de Bhopal, Inde - crédits : STR / AFP Files/ AFP

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