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SANDOZ ACCIDENT DE L'USINE DE BÂLE (31 octobre 1986)

Dans la nuit du 31 octobre 1986, le feu se déclarait dans un hangar des établissements Sandoz, à Schweizer-Halle près de Bâle, en Suisse. Cet entrepôt contenait, entre autres, des produits chimiques et agrochimiques : insecticides, pesticides, mercure, etc. L'incendie provoqua dans un premier temps un épais nuage de gaz toxique qui conduisit les autorités bâloises à déclencher dans la nuit un plan d'urgence prévu pour ce type de catastrophe. Le 1er novembre, l'alerte est levée car, comme le signalera en France un rapport d'expertise commandé par le ministre de l'Environnement de l'époque (Alain Carignon), les conditions météorologiques exceptionnellement favorables ont permis une dissipation rapide des polluants.

Le Rhin à Sankt Goarshausen - crédits : Michael Runkel/ Publisher Mix/ Getty Images

Le Rhin à Sankt Goarshausen

Si l'inquiétude s'est portée sur la pollution du milieu où nous évoluons, l'air, la contamination affecta en fait un autre milieu, l'eau, notamment le Rhin qui s'écoule à proximité de l'endroit du sinistre. En effet, les tonnes d'eau déversées pour venir à bout de l'incendie ont entraîné dans le fleuve, par dilution, 1 200 tonnes d'insecticides et de pesticides, 2 tonnes de mercure, 15 tonnes de bleu de Berlin et de Rhodamine B.

Les effets de la pollution du Rhin se sont ressentis quasi immédiatement sur la vie de la faune piscicole ; quelques heures seulement après l'accident, plusieurs centaines de milliers d'anguilles ont été ramassées mortes jusqu'à Mayence, soit plus de 250 kilomètres en aval de l'origine de la pollution. La microflore et la microfaune – petits crabes d'eau douce, larves d'insectes, minuscules crevettes d'eau douce, etc. – ont été totalement détruites, mettant en danger toute la chaîne écologique du Rhin. Dans le même temps, les habitants riverains se sont vus privés d'eau potable, les eaux approvisionnées par les réseaux étant polluées, les brasseries et les industries agroalimentaires ont cessé momentanément leurs activités. On prit alors conscience de l'importance que l'on devait accorder à la santé du Rhin et à celle de ses affluents, car ils servent à approvisionner en eau potable environ 30 millions d'Européens, notamment les habitants du Palatinat allemand et des Pays-Bas, qui n'ont pas d'autre source d'eau douce.

Depuis cette catastrophe, les États riverains du fleuve et les représentants de la Commission européenne ont adopté en septembre 1987 à Strasbourg, le Programme d'action Rhin (P.A.R.). Le Rhin, tout comme la Meuse ou le Danube, figure en effet parmi les écosystèmes fluviaux les plus menacés par la pollution. Entre 1978 et 1991, à la hauteur de Lobith (à la frontière entre l'Allemagne et les Pays-Bas), la charge en cadmium est passée de 170 tonnes à 6 tonnes et celle du mercure de 15 tonnes à 3,8 tonnes. En 1992, on signalait de nouveau la présence de saumons dans le fleuve et de tout un écosystème auparavant disparu. Cet effort du P.A.R. s'est encore accru depuis lors.

— Yves GAUTIER

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

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Média

Le Rhin à Sankt Goarshausen - crédits : Michael Runkel/ Publisher Mix/ Getty Images

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