EKOFISK ACCIDENT PÉTROLIER D' (22 avril 1977)
En fin de journée du 22 avril 1977, la plate-forme Bravo du champ pétrolier d'Ekofisk, au centre de la mer du Nord, entrait en éruption, libérant sans retenue le gaz et le pétrole du gisement exploité.
Située dans le secteur norvégien, la plate-forme Bravo appartient à un consortium international de sociétés pétrolières et est exploitée sous la responsabilité de l'entreprise américaine Philips Petroleum Company. L'accident du 22 avril est dû à des difficultés techniques compliquées par des erreurs humaines. Ce jour-là, il s'agissait de récupérer des outils de mesure coincés dans le puits. Pour réaliser cette opération toujours complexe, on doit ôter le système de vannes ordinaires placé en tête du puits pour remplacer celles-ci par des vannes de sécurité (B.O.P., blow out preventers). Pendant cette substitution, le puits reste ouvert ; aussi, pour empêcher la remontée de pétrole, y injecte-t-on une boue lourde spéciale faisant normalement office de bouchon de retenue. Mais, avant que les vannes de sécurité soient mises en place, la boue a commencé à remonter dans le puits, suivie du gaz puis du pétrole en forte éruption, le tout propulsé à plus de 20 mètres de hauteur au-dessus du pont. Lors de ce type d'accident, le danger le plus redoutable est l'explosion, car elle menace directement les personnes présentes sur la plate-forme. Une telle explosion s'était produite moins de deux ans auparavant, en novembre 1975, sur la plate-forme Alfa d'Ekofisk, provoquant la mort de trois personnes. Il n'y eut pas d'explosion sur la plate-forme Bravo et les cent douze personnes de l'équipage purent être évacuées saines et sauves. L'éruption a été maîtrisée une semaine après l'accident, grâce à l'inévitable Texan Paul « Red » Adair, spécialiste mondial de ce type d'intervention.
La pollution marine fut importante, puisqu'on estime à 12 000 tonnes la quantité de pétrole qui s'est ainsi échappée. La moitié s'est évaporée rapidement, car le pétrole d'Ekofisk est de température élevée (90 0C) et très léger, le reste s'est déposé à la surface de la mer en formant une gigantesque nappe de plus de 1 000 kilomètres carrés. Cette nappe s'est cantonnée à la zone norvégienne de la mer du Nord, sans atteindre les côtes situées à environ 300-400 kilomètres du lieu de l'accident. L'impact écologique a été limité, l'activité biologique étant faible à cette époque (peu d'œufs et de larves de poissons) et les oiseaux étant peu nombreux au grand large. En revanche, les conséquences économiques ont été importantes, puisqu'on estime à 25 millions de francs le coût direct de l'accident et à 1 milliard de francs le manque à gagner dû à l'interruption de l'exploitation de la plate-forme Bravo.
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Écrit par
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015
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