RAPALLO ACCORD DE (1922)
Accord germano-soviétique décidant la reprise des relations diplomatiques et commerciales entre l'U.R.S.S. et l'Allemagne de Weimar, signé le 16 avril 1922 à Rapallo, petite ville de la Riviera génoise. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les soviets se heurtent à la politique du « cordon sanitaire » suggérée par Foch et pratiquée par les gouvernements de Paris et de Londres pour faire échec à la révolution bolchevique et à son éventuelle extension en Europe centrale ; l'U.R.S.S. est, depuis 1918, en conflit avec tous ses voisins européens : pays Baltes, Pologne, Roumanie et Finlande, qui reçoivent l'appui des puissances occidentales. Celles-ci refusent de reconnaître les soviets et ont même favorisé ouvertement des actions contre-révolutionnaires. Mais l'exaspération des nationalismes en Europe orientale, qui se manifeste dans le conflit polono-lituanien, à propos de Wilno, et dans le conflit polono-tchèque à propos d'Ostrava, rend bien fragile la politique du cordon sanitaire. En 1921, la Grande-Bretagne renoue des relations commerciales avec la Russie. Lénine suggère, en octobre de la même année, la réunion d'une conférence internationale qui préluderait à la reprise des relations commerciales. Mais, dès les premiers jours de la Conférence de Gênes en avril 1922, Lénine réussit à jouer de l'opposition entre l'Allemagne et les Alliés, car, comme la jeune U.R.S.S., l'Allemagne souffre d'un nouvel ordre européen : le 16 avril 1922, par l'accord de Rapallo, l'Allemagne et l'U.R.S.S. décident de reprendre des relations diplomatiques et commerciales. Les diplomates de la République de Weimar ont été heureux de prendre cette initiative spectaculaire, qui montre aux Alliés que l'Allemagne compte à nouveau sur l'échiquier diplomatique et qu'elle peut les menacer en mettant à la disposition des Soviétiques des ingénieurs et des militaires allemands.
Rathenau, ministre allemand des Affaires étrangères, voit dans la signature de ces accords une opération tactique, alors que l'état-major allemand s'imagine pouvoir préparer et un nouveau partage de la Pologne et la « revanche ». En fait, le principal bénéficiaire de cette opération est l'U.R.S.S. ; si les négociations avec la Grande-Bretagne et la France échouent après ce coup de théâtre, ces deux pays renoueront avec elle, en 1924, des relations diplomatiques normales ; mais à l'arrière-plan demeurera toujours le spectre d'un accord germano-soviétique sur le dos des puissances occidentales.
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Écrit par
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Média
Autres références
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U.R.S.S. - Histoire
- Écrit par Nicolas WERTH
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