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ACHÉENS

Ioniens et Achéens

Les Achéens sont-ils les premiers Hellènes ? Quelle est la date de leur arrivée en Grèce ? Sur cet autre point, les tablettes ne donnent aucune « certitude ». L'installation des Grecs s'est poursuivie durant tout le IIe millénaire avant J.-C. Des envahisseurs, appartenant au groupe indo-européen, pénètrent en Grèce par les Balkans. De l'Épire, ils gagnent la Thessalie puis la Phthiotide qui gardera le nom d'Achaïe, s'installent dans le Péloponnèse, faisant de l'Argolide leur fief. Leur genre de vie, agricole et pastoral, leur goût affirmé pour les armes de bronze couvrant tout le corps, leur type d'homme, le style et la couleur de leur poterie gris métallique, dite minyenne, prouvent qu'il s'agit des mêmes peuples qui passèrent alors en Asie et qu'un texte hittite de 1922 avant J.-C. appelle « Ashiyawa ». Certains historiens (Nilsson, Lévêque, Cohen) pensent que la Grèce aurait subi au moins deux invasions. La première se situerait aux environs de l'an 2000 : ce serait une invasion ionienne ; la légende, l'usage persistant du nom d'« Ion », dieu fluvial guérisseur et appellation primitive de l'Alphée, l'attestent. Une autre vague, vers 1600, amènerait les Achéens. Ceux-ci, un peu plus tard, avec les Éoliens, arrivés à une date inconnue, auraient refoulé les Ioniens vers leurs territoires traditionnels du Nord-Est et de l'Attique.

L'archéologie semble contredire ces affirmations : Webster, Wace, appuyés par les travaux du linguiste Beattie (Aegean Language in the Heroic Age), estiment que les premiers Hellènes sont arrivés depuis très longtemps en Grèce, que la coupure doit être placée vers les années 2000 (Wace avance 1900), et qu'il n'y a trace d'aucune autre invasion. Ces premiers envahisseurs sont bien les Achéens : il ne saurait s'agir des Ioniens, dont le dialecte ne se développe qu'après la guerre de Troie, alors que le dialecte achéen était parlé bien avant à travers toute la Grèce.

Nous nous rallierons à cette thèse, étant entendu que le nom d'Achéens désigne un ensemble de peuples très mélangés : Ioniens, Éoliens, Achéens, qu'en l'état actuel de nos connaissances il est impossible de différencier. La date de 1600 devient celle de l'épanouissement d'une civilisation originale en Grèce, dont les caractéristiques sont apparues dès le IIe millénaire avant J.-C. : toit à double rampant, mégaron, poterie minyenne, pratique de l'inhumation, armes de bronze, connaissance du cheval et des chars, telles sont les marques de cette civilisation achéenne, qu'il vaut mieux, pour éviter toute confusion, appeler mycénienne, du nom de la principale ville d'Argolide. Nous sommes sûrs, en effet, qu'au cours du xve siècle, la souveraineté est passée de Crète en Grèce : les documents écrits en idiome préhellénique linéaire A au xixe siècle avant J.-C., le sont en grec linéaire B au xve siècle. Cnossos, détruite vers 1400, ne sera jamais reconstruite.

Une civilisation nouvelle rayonne, dès lors, sur le monde égéen : les Achéens, après avoir assimilé des civilisations égéennes bien supérieures à la leur, ont supplanté, pendant six siècles, la domination crétoise dans le bassin méditerranéen. Cette civilisation mycénienne part de l'Argolide, où se trouvent les principaux vestiges, mais intéresse la Grèce entière. Son apogée se situe vers 1400, après la destruction de Cnossos. De 1350 au début du xiie siècle, elle va s'affaiblissant et c'est un monde en décadence que vient anéantir, à la fin du xiie siècle, la puissante invasion dorienne.

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