ACHÉMÉNIDES
L'Empire de la démesure
Il faut mettre en doute le tableau idéalisé par certains Grecs et par les textes zoroastriens, d'une domination achéménide très supérieure à celles des autres Orientaux, grâce à une tolérance et une douceur qui lui auraient assuré une grande popularité. Déjà, les cités grecques virent dans l'État achéménide tour à tour l'incarnation de la démesure et une proie facile à piller. D'ailleurs, les Achéménides ont déporté des populations rebelles et dépossédé les indigènes de leurs terres pour constituer des colonies perses en Babylonie et en Asie Mineure. Les mutilations et supplices infligés par le roi dépassent en raffinement les atrocités assyriennes. La tolérance diplomatique à l'égard des dieux locaux est traditionnelle en Orient ; cette coutume fut abandonnée par les Achéménides comme par leurs prédécesseurs lorsqu'ils voulurent châtier les rebelles. Il reste que la conquête achéménide, réalisée au vie siècle par un homme supérieur et un peuple jeune, fut un grand événement. Mais les rois perses ne pouvaient espérer, avec les moyens techniques du temps, tenir un État de six millions de kilomètres carrés ; leur échec fut d'autant plus rapide que les Perses, descendant de leurs montagnes, s'orientalisèrent rapidement. Après Xerxès, il n'y a plus que décadence. La politique de Suse ne vise qu'à endiguer l'audace de minuscules États grecs qui tentent de profiter de la situation. Les Achéménides commencent par susciter des querelles dans le monde hellénique pour arrêter les attaques lancées contre l'Empire. Plus tard, ils réconcilient les villes dans l'espoir que leurs conflits ne s'étendent pas aux domaines de la dynastie, ou dans la crainte qu'elles cessent de leur fournir des mercenaires. En fait, aucune cité grecque n'est de taille à conquérir le royaume achéménide, qui survivra encore un siècle et demi.
La mort de Xerxès est un de ces drames de palais, ou plutôt de harem, qui se produisent désormais à chaque succession, quand la fin du roi n'est pas hâtée par son entourage. Son successeur, Artakshasra ( Artaxerxès Ier, 465-424), fait tuer son père et ses deux frères par le capitaine des gardes, dont il se débarrasse ensuite. Les guerres médiques ne sont pas vraiment terminées : Périclès envoie la flotte athénienne soutenir la révolte des Égyptiens (460). Artaxerxès riposte en expédiant de l'or en Grèce, où une coalition se forme contre Athènes, dont l'armada est détruite sur les bords du Nil (456-454). La fière cité de Pallas tente un dernier effort contre la Perse, puis, après la mort de Cimon (449), accepte un compromis : Artaxerxès renonce au littoral occidental de l'Asie Mineure et des îles, Athènes s'engageant à ne plus aider les rebelles d'Égypte. La guerre du Péloponnèse (431-404), qui coupe en deux le monde hellénique, va permettre aux satrapes d'Anatolie de reprendre du terrain en occupant les cités d'Asie révoltées contre la domination athénienne.
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Écrit par
- Gilbert LAFFORGUE : maître assistant à l'université de Paris-Sorbonne
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