ACHÉRON
Dans la demeure d'Hadès, aux Enfers, coule l'Achéron ; par ses sonorités plus que par une stricte étymologie, il « coule » et « roule le deuil ». Circé et Homère (Odyssée, X, 512 sqq.) y font confluer le Pyriphlégéton (le fleuve « brûlant de feu ») et le Cocyte (« gémissement ») où se déverse l'eau du Styx (le « Haineux »). C'est ce « lac marécageux » (Euripide, Alceste, 443 sqq.) que doivent passer les morts sur la barque du vieux Charon. Achéron, fils peut-être de la Terre et du Soleil, aurait, au contraire de Styx, l'Océanide qui rallia Zeus, donné de son eau aux Titans assoiffés par la guerre contre les Olympiens ; et Zeus, pour le châtier, l'a précipité sous la terre.
En Grèce, dans la sauvage Épire, un fleuve se perd dans une faille profonde, et resurgit près de l'Océan, en un marais stagnant bordé de roseaux : c'est l'Achéron, et son affluent le Cocyte. Telles les hauteurs de l'Olympe neigeux, la boue de l'Achéron et son cours souterrain sont visibles à même la terre grecque, comme l'enracinement physique du sacré.
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Écrit par
- Barbara CASSIN : chargée de recherche au C.N.R.S.
Classification
Autres références
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CHARON
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 145 mots