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ARNIM ACHIM VON (1781-1831)

L'errance

Ce recul que prennent les héros d'Arnim à l'égard d'eux-mêmes se retrouve dans un autre trait presque constant de leur situation dans le monde : ils sont de perpétuels errants, loin de leur patrie et de leur maison, qu'ils sont souvent forcés de n'observer que de l'extérieur. Telle la vie d'Arnim, à la campagne, loin de Bettina et de ses enfants demeurés à Berlin, ville dont il ne pouvait souffrir la poussière et l'agitation. Tel, dans son œuvre, l'invalide du fort Ratonneau qui observe et s'apprête à bombarder de son île la ville de Marseille où l'attendent en vain sa femme et son enfant. Le héros des Majorataires voit aussi du dehors, sans y pénétrer, la maison qui lui appartient puisqu'elle constitue le majorat. Elle est restée vide depuis trente ans, mais est toujours prête à l'accueillir (comme Bettina pour Arnim, puisqu'en dépit – ou à cause ? – de leur séparation, ils eurent bel et bien sept enfants), car cette maison est entretenue régulièrement par un majordome qui veille au linge, à l'argenterie, et nourrit des chats pour chasser les souris. Si l'on assiste bien, avec le père de Dolores, à un retour au foyer, c'est un échec quand même, car il trouve son palais en feu, et il ne lui reste plus qu'à allumer son « zigaro » à une poutre en flamme.

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