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NUCLÉIQUES ACIDES

Dénaturation de l'ADN. Hybrides moléculaires

Température de fusion de l'ADN - crédits : Encyclopædia Universalis France

Température de fusion de l'ADN

Lorsque l'on chauffe une solution d'ADN, on constate que son absorption d' ultraviolet à 260 nanomètres augmente de 40 p. 100 à partir d'une certaine température, c'est l'effet hyperchromique. La température correspondant à la moitié de l'effet hyperchromique (fig. 10)est appelée température de fusion ou Tm. L'effet hyperchromique correspond à une rupture des liaisons hydrogène entre les deux chaînes d'ADN. La séparation entre les deux chaînes avec perte de la structure secondaire de l'ADN est appelée dénaturation thermique de l'ADN.

Cinétique de réassociation des chaînes d'ADN - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cinétique de réassociation des chaînes d'ADN

On peut par un traitement mécanique casser l'ADN en des fragments de longueurs plus ou moins homogènes. On chauffe le mélange au-dessus de la température de fusion, puis on refroidit progressivement. On constate alors que les chaînes complémentaires se réassocient en reformant des chaînes doubles brins. Cependant, si on étudie la cinétique de la réassociation, on constate que celle-ci se fait en trois phases (fig. 11) : une fraction des fragments d'ADN se réassocie très rapidement et on arrive à un palier, puis une autre fraction d'ADN se réassocie et enfin après un certain temps on assiste à une réassociation des dernières molécules d'ADN (fig. 12). Ainsi on met en évidence trois familles de fragments d'ADN en fonction de leur vitesse de réassociation. Quelle est la signification de ces trois familles ? On explique la grande vitesse de réassociation d'une partie de l'ADN par l'existence de séquences hautement répétitives, ce sont des séquences qui sont identiques à elles-mêmes et présentes en 10 5-10 6 exemplaires. Ces fragments sont localisés dans le centromère et les télomères des chromosomes ; leur signification est encore discutée. Les fragments qui se réassocient après une durée moyenne sont des séquences qui sont présentes dans l'ADN en 10 2-10 4 exemplaires. Ces séquences représentent : 1o des régions régulatrices de l'ADN, régions placées en voisinage des gènes et qui en contrôlent l'expression, nous y reviendrons ; 2o les régions codants pour les ARN ribosomaux et qui sont présentes en plusieurs centaines d'exemplaires ; 3o certains gènes, comme ceux qui codent pour des protéines nucléaires, les histones, sont présents en grand nombre. Cette classe de séquences est appelée moyennement répétitive. La troisième et dernière classe concerne les séquences présentes en un seul ou un petit nombre d'exemplaires. Ce sont des séquences codant pour la plupart des messagers donc des protéines. Ainsi la simple étude de la vitesse de réassociation de l'ADN dénaturé, qui est en fait la probabilité de rencontre de séquences complémentaires, permet de montrer l'existence dans la molécule d'ADN de régions dont les significations sont différentes.

Si l'on chauffe de l'ADN en présence d'ARN messager provenant d'un même type cellulaire et que l'on refroidit, on constate qu'il se produit une association entre l'ARN et l'ADN sur la séquence complémentaire à celle de l'ARN (U étant l'équivalent de T). La molécule formée est donc un hybride ADN-ARN. La formation d'hybrides moléculaires s'est révélée une méthode très utile pour résoudre un grand nombre de problèmes lorsque l'on est en possession d'un ARN messager ou d'une famille d'ARN messagers :

– démonstration de l'existence dans une cellule d'ADN capable de donner naissance à l'ARN messager étudié ;

– étude par mesure cinétique de l'abondance en ARN messagers d'une préparation d'ARN ;

– détermination du nombre de gènes codants pour un même ARN messager.

On peut par cette méthode suivre l'évolution d'un gène donné dans[...]

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Écrit par

  • : docteur en médecine, docteur ès sciences, professeur de biochimie à la faculté de médecine de Cochin-Port-Royal
  • : directeur de recherche de classe exceptionnelle au C.N.R.S., unité 1292 (génotoxicologie et réparation de l'ADN)
  • : ingénieur-docteur, docteur ès sciences, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, ingénieur E.S.C.I.L.
  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de l'Institut de recherche sur le cancer, agrégé de l'Université

Classification

Médias

Molécules constitutives des nucléotides - crédits : Encyclopædia Universalis France

Molécules constitutives des nucléotides

Nucléosides et nucléotides dérivés de l'adénine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nucléosides et nucléotides dérivés de l'adénine

Polynucléotide - crédits : Encyclopædia Universalis France

Polynucléotide

Autres références

  • ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid)

    • Écrit par , , et
    • 10 074 mots
    • 10 médias
    Le 25 avril 1953, l'Américain James D. Watson et le Britannique Francis H. C. Crick, récipiendaires, en 1962, avec le Britannique Maurice Wilkins du prix Nobel de physiologie ou médecine, proposaient, dans la célèbre revue scientifique anglaise Nature, une structure tridimensionnelle...
  • ALTMAN SIDNEY (1939-2022)

    • Écrit par et
    • 377 mots

    Le biochimiste américain d'origine canadienne Sidney Altman est né le 7 mai 1939 à Montréal (Canada). Après des études de physique au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge et une année à l'université Columbia à New York, il fait, à l'université de Boulder (Colorado), des recherches...

  • ANTIGÈNES

    • Écrit par
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    L'immunogénicité des acides nucléiques, longtemps niée, est désormais bien établie, mais ne concerne que certains acides ribonucléiques (ARN) et désoxyribonucléiques (ADN). Les autoanticorps anti-ADN caractérisent certaines maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé). Enfin, certains lipides...
  • ARN (acide ribonucléique) ou RNA (ribonucleic acid)

    • Écrit par
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    • 2 médias

    Faut-il voir dans une molécule biologique omniprésente dans toute structure cellulaire des êtres vivants, l'ARN (acide ribonucléique), la première étape de l'histoire de la vie ? Les ARN contemporains sont-ils les fossiles d'anciennes molécules ? Les voies métaboliques primordiales...

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