ACNÉ
De multiples facteurs incriminés
Les mécanismes impliqués dans la survenue de l’acné ne sont pas totalement élucidés. L’acné est plutôt la résultante de plusieurs facteurs. Diverses causes sont clairement favorisantes, comme une hyperproduction de sébum sous l’influence des hormones sexuelles, en particulier des androgènes (testostérone et ses dérivés), notamment lors de la puberté. Chez la femme, l’acné peut devenir avant les règles et pendant même celles-ci plus sévère du fait des variations de l’état hormonal, et la maladie peut être favorisée par un excès de production de testostérone. Néanmoins, le plus souvent, aucune anomalie endocrinienne n’est retrouvée. Certains produits cosmétiques qui agressent la peau contribuent à l’acné. Il existe enfin une contribution génétique dans des familles d’acnéiques où la maladie est plus sévère chez les adolescents.
L’importance du microbiote cutané dans le développement de l’acné a été mise en évidence. Composé d’au moins plusieurs centaines de milliards de bactéries, réparties en quatre grands phyla (actinobactéries, Firmicutes, protéobactéries, Bacteroïdetes), ce microbiote participe à la physiologie de la peau. Comme son homologue intestinal, il varie d’une personne à l’autre, et diffère aussi selon les régions corporelles, par exemple entre zones séborrhéiques de la tête et du tronc, où l’acné tend à se développer car elles contiennent le plus de glandes sébacées et zones sèches (mains et fesses). Une bactérie, Cutibacteriumacnes, (auparavant Propionibacteriumacnes), peu présente avant la puberté, colonise les follicules pilo-sébacés à l’adolescence. Elle semble jouer un rôle important dans l’apparition des lésions. En effet, elle sécrète des enzymes dégradant lipides et protéines, des facteurs attirant les globules blancs, et provoque une inflammation aiguë du follicule pilo-sébacé. Les proportions des souches de C. acnes diffèrent entre individus sains et patients acnéiques et il est possible que la perte de la diversité habituelle des différents C. acnes favorise l’apparition d’acnés inflammatoires sévères. Un autre germe de la flore cutanée, Staphylococcus epidermidis, module également dans l’acné la réponse inflammatoire locale en modifiant l’immunité innée.
Par ailleurs, le rôle de nombreux autres facteurs est beaucoup plus difficile à établir. Ainsi, le stress semble jouer un rôle favorisant du fait de la libération à proximité des glandes sébacées d’une substance fabriquée par des cellules nerveuses et stimulant la production de sébum. Le microbiote intestinal pourrait aussi contribuer à certains de ces effets du stress sur l’acné par la mise en jeu d’un axe cerveau-intestin-peau. L’influence de l’alimentation, souvent invoquée, est encore plus difficile à établir, et il n’est pas possible d’émettre des recommandations précises sur ce point. Ainsi, pour la Société française de dermatologie, « le rôle favorisant du chocolat n’est pas toujours retrouvé », et « les données sont contradictoires pour les aliments à haut indice glycémique ». Cependant, « les études sur la consommation de lait sont en faveur d’une association avec la survenue d’acné ». En 2020, l’étude française NutriNet-Santé, conduite sur 24 452 participants adultes, a conclu à une plus grande fréquence d’acnés avec un régime riche en produits gras et sucrés (+ 54 %), boissons sucrées (+ 18 %) et lait (+ 12 %).
D’autres études, notamment conduites en Chine, ont rapporté une relation entre pics de pollution, par particules fines ou autres polluants, et hausse du nombre de cas d’acnés. Cependant, devant la complexité des pollutions atmosphériques, il est difficile de tirer des conclusions de telles observations.
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Écrit par
- Corinne TUTIN : docteure en médecine, journaliste médicale
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Médias