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ACONITINE

L'aconit, renonculacée, se récolte, en France notamment, dans les régions marécageuses et en montagne. Pour extraire l'aconitine, la racine séchée et pulvérisée est épuisée par une solution alcoolique d'acide tartrique ; on élimine l'alcool par distillation, on met le tartrate d'aconitine en solution dans l'eau, et on purifie très difficilement par les méthodes usuelles. Le produit obtenu cristallise sous forme de petits prismes à saveur piquante, fondant vers 200 0C. L'aconitine peut être lévogyre ou dextrogyre, suivant le solvant employé. Du point de vue analytique, elle présente des spectres ultraviolet et infrarouge très caractéristiques.

De formule brute C34H47O11N, l'aconitine est un alcaloïde extrait de la racine tubérisée de l'aconit napel (Aconitum napellus L.) ; c'est le principal alcaloïde de l'aconit officinal, puisqu'il en représente les neuf dixièmes. Très toxique, l'aconitine est inscrite au tableau A de la pharmacopée.

Du point de vue chimique, sa structure est très complexe : c'est un alcaloïde-ester obtenu en estérifiant deux groupements hydroxyles de l'aconine par l'acide benzoïque et par l'acide acétique ; c'est un acétylbenzoyl aconine.

À l'état jeune, l'aconit peut se confondre avec certaines plantes alimentaires, comme le céleri et le pissenlit ; cette plante est donc très dangereuse à cause de l'aconitine qu'elle contient : 12 grammes de racine ou 0,25 mg d'aconitine peuvent provoquer la mort d'un adulte par action sur le bulbe rachidien et sur les terminaisons nerveuses périphériques. On ne connaît pas d'antidote à ce poison.

À doses non mortelles (0,05 mg), l'aconitine provoque un engourdissement de la muqueuse buccale et des brûlures de la muqueuse stomacale suivies de nausées et de vomissements. Par suite d'une telle toxicité, son utilisation thérapeutique est très restreinte. On l'emploie comme sédatif des névralgies faciales, des tics douloureux et de la toux (à faibles doses, elle agit sur l'enrouement des chanteurs). Dans tous les cas, elle doit être prescrite avec beaucoup de précautions.

— Philippe COURRIÈRE

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, docteur en pharmacie, biologiste hospitalier, professeur de biophysique à la faculté des sciences pharmaceutiques de Toulouse, université Paul-Sabatier

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