ACQUISITION DE LA PRAGMATIQUE DU LANGAGE
L’acquisition de la pragmatique du langage (S. Ervin-Tripp) correspond à l’acquisition des usages du langage considérés du point de vue cognitif, social et culturel. Les recherches sont réalisées dans le cadre théorique de la philosophie du langage. Tout énoncé est considéré comme un acte de langage défini par l’acte social posé intentionnellement par le locuteur, « dire, c’est faire » (J. L. Austin & J. R. Searle). La conversation, régie par le principe de coopération, amène les interlocuteurs à s’adapter l’un à l’autre pour parvenir à une compréhension mutuelle (H. P. Grice). Ce principe est défini par quatre maximes : une maxime de quantité « que votre contribution soit aussi informative qu’il est requis », une maxime de qualité « n’affirmez pas ce pour quoi vous manquez de preuves », une maxime de relation « parlez à propos » et une maxime de modalité « soyez clair ». On signifie souvent autre chose que ce que l’on dit (langage non littéral ou indirect). C’est le contexte extralinguistique qui permet d’inférer la signification de l’énoncé. Pour être un interlocuteur efficace, l’enfant doit savoir signifier pour autrui (J. Bernicot & A. Bert-Erboul) et interpréter les énoncés qui lui sont adressés. Il doit maîtriser la relation qui existe entre les caractéristiques structurales du langage (phonologiques, morphosyntaxiques et sémantiques) et les caractéristiques de la situation sociale. Cette faculté se développe tout au long de la vie : le parcours va de la naissance (avec les précurseurs non verbaux du langage) à l’adolescence (avec l’apprentissage du langage non littéral).
Les précurseurs non verbaux du langage (zéro-deux ans)
Dès la naissance, il s’instaure un code commun entre la mère et l’enfant, la communication est réalisée à travers un système de gestes, de regards, et de vocalisations. Vers neuf-douze mois, l’enfant commence à utiliser le geste de pointer, accompagné d’un regard en direction de l’adulte, pour attirer son attention sur un objet (« attention conjointe », J. S. Bruner). Le code non linguistique, qui permet les premiers échanges, partage certaines caractéristiques fonctionnelles avec le code linguistique utilisé ultérieurement (obtenir quelque chose de l'interlocuteur, prendre contact avec autrui, exprimer sa satisfaction ou sa non satisfaction).
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Écrit par
- Josie BERNICOT : professeure des Universités à l'université de Poitiers
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