Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ACQUISITION DE LA PRAGMATIQUE DU LANGAGE

Les actes de langage

Les assertifs permettent d’exprimer une croyance sur l’état du monde (« le ciel est bleu »), les directifs ou demandes de faire faire quelque chose à autrui (« ferme la porte »), les engagements ou promissifs obligent le locuteur à adopter une certaine conduite future (« je vais ranger ma chambre »), les expressifs consistent à exprimer un état psychologique à propos d’un état du monde (« j’en ai marre »), et les déclarations provoquent par leur accomplissement effectif la mise en correspondance de leur contenu avec la réalité (« vous êtes en état d’arrestation »), en jouant aux gendarmes et aux voleurs. Les demandes de clarification (« un quoi ? ») sont précoces (un an et demi-deux ans). D’autres, liées à des demandes de précisions (« où ? »), apparaissent à trois ans. La distinction entre demande de droit et de faveur (demander un objet dont on est propriétaire ou demander un objet dont on n’est pas propriétaire) est plus tardive (quatre ans), la distinction entre action et information n’est clairement attestée qu'à partir de six ans. Jusqu'à quatre ans, les variations en fonction des caractéristiques de l’interlocuteur correspondent à des catégories assez larges : l'enfant est moins direct avec son père (« peux-tu me donner… ») qu'avec sa mère (« donne-moi… »), avec des visiteurs qu'avec ses parents. Ensuite jusqu'à huit-neuf ans, ces grandes catégories sont affinées : l'enfant est moins direct avec un autre enfant plus âgé qu'avec un autre enfant plus jeune, avec un adulte occupé qu'avec un adulte non occupé, avec un pair amical qu'avec un pair hostile. Il existe aussi des adaptations subtiles au quotient intellectuel, au genre et la popularité de l'interlocuteur.

Les implicatures conversationnelles sont nécessaires lorsque le locuteur transgresse en apparence le principe de coopération, en ne respectant pas l’une des quatre maximes. L’auditeur, présupposant son respect, est alors amené à réaliser une inférence (implicature) qui lui permet de comprendre l’énoncé, comme l’illustre l’exemple du dialogue entre un enfant de dix ans et sa mère :

La mère : – Tu vas où ?

L’enfant : – Dehors.

La mère : – Tu fais quoi ?

L’enfant : – Rien.

L’enfant transgresse par deux fois la maxime de quantité « en ne donnant pas la quantité d’information attendue » face à des questions simples. Le déclenchement de l’implicature permet à la mère de comprendre que l’enfant ne souhaite pas lui donner les informations qu’elle demande. Les implicatures littérales et les demandes indirectes sont comprises dès l’âge de six ans, les idiomes comme « marcher sur des œufs » à dix ans, et les implicatures non littérales avec ironie après dix ans.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeure des Universités à l'université de Poitiers

Classification