ACQUISITION DU LANGAGE CHEZ LES MALENTENDANTS
Acquisition du langage écrit
Sans éducation spéciale (telle que l’exposition au CS dès le plus jeune âge), la surdité précoce entrave le développement des représentations phonologiques et peut altérer les mécanismes neuraux de lecture. Avant la généralisation des IC, les personnes sourdes se basaient sur l’articulation et la lecture labiale pour développer des représentations phonologiques partielles ou sous-spécifiées. Une série de recherches a montré que les participants sourds peuvent recruter des représentations phonologiques dans des tâches telles que la mémoire à court terme, le jugement et la production de rimes, la lecture et l’écriture de mots isolés. Les performances dans les tâches de manipulation des sons de la parole (telles que juger qu’« hiver » et « colère » riment, tandis qu’« hiver » et « manger » ne riment pas) sont prédictives d’un bon niveau de lecture, tant chez les participants qui ont eu la LP que chez ceux qui ont eu la LS comme L1. Les réseaux neuronaux supportant la reconnaissance de mots isolés et le jugement de rimes ne sont cependant pas identiques chez les sourds et les entendants, sans doute parce que les personnes sourdes dépendent davantage d’une stratégie consistant à construire la phonologie à partir des correspondances graphèmes-phonèmes.
Le fait que l’accès aux représentations phonologiques joue un rôle important dans l’acquisition de la lecture chez les personnes sourdes n’est pas reconnu de façon unanime. Selon Mayberry, atteindre un bon niveau de lecture dépend essentiellement des habiletés linguistiques en LS comme L1. Dans cette perspective, les sourds qui ont une bonne maîtrise de la phonologie et de la métaphonologie en LS sont capables de développer une reconnaissance des mots efficace par activation directe des connexions entre mots écrits et représentations sémantiques, sans intervention des représentations phonologiques. Les recherches à venir devront tenter d’établir s’il existe différents profils de lecteurs sourds, et la relation entre ces profils et les caractéristiques des participants (habileté en LS, en LP, niveau de lecture, etc.).
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Écrit par
- Jacqueline LEYBAERT : professeure, université libre de Bruxelles (Belgique)
Classification
Média