ACROPOLE D'ATHÈNES
Presque toute ville grecque est composée de deux éléments que la configuration du site distingue d'emblée : ville haute et ville basse – celle-ci vouée à l'habitat et aux activités civiles et commerciales ; celle-là, l' acropole, réservée à la défense et aux dieux protecteurs de la cité. Cette dissociation topographique des fonctions, qui ne s'est faite souvent que très lentement, s'observe très tôt dans le cas exceptionnel de l'Acropole par excellence : celle d'Athènes.
L'Acropole préhistorique et mycénienne
Des buttes rocheuses dont le chapelet s'égrène du nord au sud dans l'ample cuvette que circonscrivent l'Hymette, le Pentélique et le Parnès, l'Acropole, avec son plateau artificiellement agrandi de 27 000 mètres carrés qui culmine à 156 mètres, n'est ni la plus haute ni la plus vaste. Sans doute est-ce aux deux sources qui la flanquent, au sud (Asclépieion) et au nord-ouest (Clepsydra), qu'elle dut d'être probablement habitée dès 5000 avant J.-C. environ : bien qu'aucune trace d'occupation de cette époque n'ait pu être recueillie sur le rocher même en raison des aménagements ultérieurs, l'existence d'un habitat du néolithique récent est attestée dans ses parages. Durant le IIe millénaire avant J.-C., marqué par l'installation en Grèce des peuplades indo-européennes qui constitueront sa population jusqu'au terme de l'Antiquité, les traces d'occupation autour de l'Acropole restent d'abord ténues : tessons de l'Helladique ancien (2200-1900) dans les grottes du flanc sud ; puits et tombe de l'Helladique moyen (1900-1600), toujours sur le flanc sud. Mais il faut attendre la civilisation mycénienne (Helladique récent : 1550-1050) pour que l'Acropole entre vraiment dans l'histoire : entre 1250 et 1200 est construite autour du plateau une imposante muraille en appareil cyclopéen, de 3 à 4 mètres d'épaisseur, qui donne au site la configuration qu'il conserverai), sauf du côté sud, où des travaux de terrassement ultérieurs élargiront encore le plateau.
L'entrée principale se trouve à l'ouest, du seul côté où le rocher soit aisément accessible, tandis que le flanc sud est agrandi par des terrassements qui accentuent la forte déclivité du terrain ; à l'est et au nord, le rempart mycénien s'établit au-dessus de l'à-pic du rocher dominant la zone où s'établira à l'époque archaïque un nouveau centre politique : l'agora. Qu'abritait cette muraille, sur laquelle se greffait à l'ouest une enceinte basse, dite Pelargicon, comparable à celle de l'acropole de Tirynthe ? L'analogie avec les grands sites mycéniens voudrait que ç'ait été un palais – résidence des rois dont les légendes locales conservaient encore à l'époque classique la mémoire très vivace. C'est le plus valeureux d'entre eux, Thésée, pourfendeur de monstres à l'instar d'Héraclès, qui aurait réuni sous son autorité toutes les bourgades avoisinantes, unifiant ainsi l'Attique au profit d'Athènes. Mais, de ce palais mycénien, absolument rien ne subsiste : tout au plus peut-on considérer comme son accès particulier la rampe coudée qu'on observe encore sur le flanc nord, devant la façade est de l'Érechthéion. Cette disparition radicale est d'autant plus étonnante qu'Athènes semble avoir été moins touchée par la catastrophe de 1200 avant J.-C. que la plupart des grands sites mycéniens. Une preuve indirecte de l'existence de ce palais serait toutefois fournie par les cultes chthoniens qui se perpétueront dans la zone nord du plateau : un arbre sacré dans une cour, une chapelle dont la crypte abrite un serpent sacré ne sont pas impossibles dans un palais mycénien. Vestige plus tangible de cette première phase monumentale,[...]
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Écrit par
- Bernard HOLTZMANN : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre
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