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ACROPOLE D'ATHÈNES

L'Acropole géométrique et archaïque

On ignore comment cette Acropole mycénienne, capitale d'une petite principauté, périclita entre 1200 et 1000. À en juger par les tombes submycéniennes et protogéométriques trouvées entre l'Aréopage et l'Éridanos, il n'y a pas eu solution de continuité à Athènes : le site n'a pas cessé d'être habité, mais la royauté centralisatrice a dû disparaître, et avec elle les bâtiments de l'Acropole qui la symbolisaient, tandis que les cultes anciens subsistaient. Ainsi s'esquisse, durant les siècles obscurs de l'époque géométrique (1100-700), une Acropole désormais réservée aux grands cultes de la cité, tandis que le pouvoir politique qui l'a désertée s'établit dans la basse ville. L'architecture balbutiante de cette époque n'a guère laissé de traces : deux cubes de pôros, inclus dans les fondations du « Vieux Temple » d'Athéna, ont été parfois interprétés comme les fondations du porche d'entrée d'un édicule absidal, premier abri de la statue de culte d'Athéna : le xoanon en bois d'olivier tombé du ciel, statue-pieu primitive, parée chaque année de nouveaux atours qui lui donnaient une allure plus humaine. En tout cas, l'existence d'un sanctuaire important est attestée par les fragments de chaudrons votifs trouvés sur l'Acropole : dans les figurines décorant puis étayant les anses s'affirme vite, durant le viiie siècle, le sens plastique des artisans bronziers d'Athènes, à qui l'on attribue désormais l'invention de ces figures d'appui, dont certaines comptent parmi les plus anciennes représentations mythologiques (Thésée et le Minotaure).

Ce n'est qu'avec le Vieux Temple d'Athéna – ainsi désigné dans les inscriptions qui consignent la comptabilité des constructions du ve siècle – que l'Acropole reprend forme pour nous. Sur le plateau sacré, toujours ceint de la muraille mycénienne, se dresse à la fin du viie siècle avant J.-C. un grand temple dorique, dont les fondations sont visibles entre l'Érechthéion et le Parthénonii). Le plan qu'on y lit est singulier : au lieu de la longue chambre habituelle (cella) abritant la statue de culte, comprise à l'est et à l'ouest entre deux vestibules plus ou moins profonds (pronaos et opisthodome), on trouve à l'est une cella courte, la partie ouest du temple étant divisée en trois pièces. Cette disposition, qui sera reprise par l'Érechthéion, est dictée par la volonté d'abriter sous un même toit les différents cultes installés dans cette zone depuis l'époque mycénienne. L'ampleur de ce bâtiment dorique (43,15 m × 21,30 m) atteste la rapidité de la mutation qu'a connue l'architecture grecque durant la seconde moitié du viie siècle. Depuis les études de W. Dörpfeld (1885-1890), le Vieux Temple est au centre de discussions toujours ranimées : que faut-il lui attribuer, parmi les fragments d'architecture et de sculpture retrouvés sur le plateau, notamment dans la fosse située entre le Parthénon et le musée actuel ? Question complexe et capitale, car ces fragments sont trop nombreux pour un seul bâtiment. Selon la thèse formulée par W. Dinsmoor en 1947 et communément admise depuis, selon laquelle aurait existé à l'emplacement du futur Parthénon un autre temple, datant du vie siècle, c'est ce temple, que rien n'atteste sur le terrain, qui serait désigné dans une inscription sous le nom de Hecatompedon, c'est-à-dire « temple de cent pieds ». Cette thèse a été récusée par Immo Beyer : il n'y aurait eu qu'un temple archaïque sur l'Acropole, mais trois fois remanié pour l'accorder à l'évolution très rapide du goût et des techniques. Dans une première phase, antérieure à 625, le temple aurait eu une colonnade en[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Médias

Pré-Parthénon et Parthénon d'Ictinos - crédits : Encyclopædia Universalis France

Pré-Parthénon et Parthénon d'Ictinos

Acropole d'Athènes de l'époque préhistorique au II<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Acropole d'Athènes de l'époque préhistorique au IIe siècle

Acropole, Athènes - crédits : Saga Photo and Video/ shutterstock

Acropole, Athènes

Autres références

  • RECONSTRUCTION DE L'ACROPOLE - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 115 mots

    — 447 -— 438 Construction du Parthénon, par Ictinos, pour abriter la statue votive d'Athéna Parthénos par Phidias.

    — 438-— 432 Construction des Propylées ; réalisation des sculptures des frontons du Parthénon.

    Entre — 438 et — 432 Phidias, accusé de détournement...

  • RECONSTRUCTION DE L'ACROPOLE D'ATHÈNES

    • Écrit par
    • 249 mots
    • 1 média

    Après la conclusion de la paix avec la Perse en — 448, Périclès engage à Athènes un programme de grands travaux destiné à assurer le plein-emploi, comme la guerre l'avait fait jusque-là. Sur l'Acropole, qui n'était plus qu'un champ de ruines après la bataille de Platées...

  • ACROPOLE

    • Écrit par
    • 497 mots

    Dans le monde grec, l'acropole (akropolis, « ville haute »), groupement de bâtiments installés sur une éminence, n'apparaît pratiquement qu'à l'époque mycénienne — la Crète ne semble pas avoir systématiquement isolé ses villes sur des hauteurs. On associe généralement l'apparition des acropoles...

  • AGORACRITOS DE PAROS (actif dernier tiers Ve s. av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 1 212 mots

    Sculpteur grec, disciple de Phidias, Agoracritos de Paros est actif durant le dernier tiers du ~ ve siècle. Trois de ses œuvres sont connues par les sources antiques : un groupe en bronze d'Athéna Itonia et d'Hadès à Coronée, en Béotie (Pausanias, Description de la Grèce...

  • ALCAMÈNE (actif 2e moitié Ve s. av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 1 095 mots

    Alcamène est un sculpteur, très probablement athénien, actif surtout à Athènes durant la seconde moitié du ~ ve siècle. Une anecdote recueillie par le compilateur byzantin Tsétzès (Chiliades, VIII, 340-346) le montre en compétition avec Phidias pour la réalisation d'une statue d'Athéna...

  • ANTÉNOR (fin VIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 348 mots

    Sculpteur athénien, auteur d'un groupe en bronze représentant les « Tyrannoctones », Harmodios et Aristogiton, assassins du tyran Hipparque en ~ 514, et promus héros de la liberté par la démocratie naissante (Pausanias, I, 8, 5). Ce groupe, postérieur à 508 avant J.-C., fut emporté comme butin par...

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