PIERRE ACTES DE
La première mention de l'ouvrage intitulé Actes de Pierre se trouve chez Eusèbe (Histoire ecclésiastique, III, iii, 2). Pourtant il est cité par Hippolyte, Origène et plusieurs autres. Il semble avoir été composé en 190 environ, en Syrie ou en Palestine. On n'en possède pas le texte complet, mais divers recoupements permettent d'en reconstituer les trois quarts.
La plus grande partie nous est parvenue dans une version latine appelée Actes de Verceil (Actus Vercellenses) à cause du lieu où fut découvert le manuscrit. Le véritable titre en est Actus Petri cum Simone. L'ouvrage raconte, en effet, qu'après le départ de Paul de Rome pour l'Espagne (récit probablement ajouté après coup), Simon le Magicien arrive à Rome et trouble les chrétiens par ses miracles. À Jérusalem, le Christ apparaît à Pierre et lui apprend que la communauté romaine a succombé au charme de Simon. Pierre arrive en hâte à Rome et va reconquérir les fidèles par un grand concours de miracles, où Simon et lui rivalisent d'originalité. La lutte suprême a lieu sur le Forum où, après diverses merveilles, Simon s'envole vers le ciel. Mais il en retombe et meurt. C'est le triomphe pour Pierre ; beaucoup de païens viennent à lui et adoptent la chasteté totale. Mais c'est aussi sa perte, car le préfet de Rome va le livrer à la mort. Ce récit, conservé en latin, se trouve aussi dans un texte grec (Martyre du saint apôtre Pierre). On y lit l'épisode bien connu du Quo vadis et l'histoire de la crucifixion la tête en bas. On trouve les textes grec et latin de cet ouvrage dans R. A. Lipsius et M. Bonnet, Acta apostolorum apocrypha (Leipzig, 1891) ; une édition française en a été donnée par L. Vouaux (Les Actes de Pierre, Paris, 1922).
Les Actes de Pierre présentent d'emblée les caractéristiques d'un christianisme très archaïque dans lequel s'expriment des doctrines qui furent très tôt suspectes de subordinatianisme, de docétisme, et surtout de l'ascétisme accusé qu'on appellera plus tard « encratisme » et qui s'oppose au mariage et à la propriété des biens. Ces doctrines entraînèrent le discrédit de l'ouvrage, qui fut mis de côté au ve siècle, mais continua d'être lu. En raison de son allure romanesque, on ne peut pas en tirer des renseignements historiquement sûrs. En revanche, son contenu doctrinal est une mine inépuisable pour ceux qui s'intéressent aux diverses formes du christianisme primitif.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean HADOT : professeur à l'Université libre de Bruxelles
Classification
Média
Autres références
-
SIMON LE MAGE ou LE MAGICIEN (Ier s.)
- Écrit par Pierre Thomas CAMELOT
- 284 mots
- 2 médias