ACTIONNAIRES
Valeur patrimoniale de l'action
Représentant une fraction de l'actif net et de la capacité bénéficiaire d'une société, l'action a incontestablement une valeur patrimoniale. Mais comment l'évaluer ? Aucune méthode n'est pleinement satisfaisante. La valeur comptable n'a pas grande signification, étant donné les fluctuations de la monnaie ; sa revalorisation à partir de coefficients monétaires est sans portée économique. La capitalisation des revenus n'est qu'une extrapolation du passé et dépend de taux d'intérêt eux-mêmes fluctuants. À supposer qu'une expertise – coûteuse et difficile à imposer – aboutisse à un prix raisonnable, encore faut-il trouver un acheteur à ce prix. Nous avons vu que, dans une entreprise non cotée en Bourse, la solution dépend de la bonne volonté des majoritaires qui n'ont, a priori, aucun intérêt à acquérir des titres supplémentaires.
La Bourse apporte, en principe, une réponse à cette question. Elle est en effet un marché secondaire (c'est-à-dire de titres déjà en circulation dans le public) des valeurs mobilières, ouvert à tous et soumis à des règles de fonctionnement qui visent à en assurer l'équité et la transparence.
Ce n'est pas à dire, cependant, que le cours de Bourse soit en toute circonstance le reflet fidèle d'une valeur réelle (à supposer que l'expression ait un sens) ni même de la valeur vénale de l'entreprise (qui n'a de sens qu'en cas de vente de la totalité du capital). D'une part, en effet, les transactions boursières ne portent chaque jour que sur une fraction marginale du capital (quelques millièmes), et le cours peut varier beaucoup suivant l'importance du bloc de titres à négocier. D'autre part, et surtout, la Bourse est soumise à des influences multiples et de tous ordres concernant soit une société déterminée, soit l'ensemble du marché. Évolution de la conjoncture économique, contexte politique, national ou international, fluctuation des taux d'intérêt et des cours du change, tensions inflationnistes, fiscalité, tous ces facteurs et bien d'autres se combinent pour former une opinion boursière moins soucieuse d'ailleurs de les refléter que d'en anticiper les développements. Comportement de masse, le marché traduit une psychologie particulière qui, en dépit de ses prétentions à l'analyse rationnelle, comporte une part de rêve ou d'anxiété, laquelle se traduit par des excès de hausse ou de baisse, ultérieurement corrigés par des excès en sens inverse.
Malgré ses imperfections, la Bourse n'en est pas moins la meilleure voie offerte à l'actionnaire qui souhaite retrouver la disponibilité de son épargne, sans dépendre de l'arbitraire des majoritaires et à des conditions qui s'établissent par le libre jeu de l'offre et de la demande sur un marché surveillé par les autorités de contrôle (Securities and Exchange Commission ou S.E.C. aux États-Unis, C.O.B. en France). L'ouverture récente de marchés boursiers dans des pays où l'économie a été trop longtemps soumise au dirigisme étatique prouve bien qu'il s'agit là d'un progrès et d'une étape nécessaire vers la liberté.
L'existence de marchés organisés a, entre autres avantages, celui d'améliorer l'information sur la diffusion de l'actionnariat. Les renseignements statistiques à cet égard sont en effet sommaires pour les entreprises non cotées, mais plus précis, au moins en ordre de grandeur, pour celles qui le sont. Certes, il ne s'agit que d'une minorité, mais elle est constituée de la plupart des principales sociétés. La situation est très différente selon les pays.
On ne s'étonnera pas que l'actionnariat et l'activité boursière soient particulièrement développés dans les pays les plus libéraux,[...]
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Écrit par
- Pierre BALLEY : président de l'Association des sociétés et fonds français d'investissement (A.S.F.F.I.), président d'honneur du Conseil du marché à terme, ancien membre du collège de la Commission des opérations de Bourse.
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