ACTORS STUDIO
Le travail de l’acteur
Cette méthode s’inspire directement du travail de Stanislavski, mais aussi de celui d’autres metteurs en scène et théoriciens du théâtre russe tels que Meyerhold, Eugène Vakhtangov et Michael Chekhov, neveu d’Anton Tchekhov. Il s’agit d’un ensemble d’exercices dont le but est de permettre aux comédiens de résoudre un certain nombre de problèmes se posant à eux dans leur pratique professionnelle. Ces exercices doivent leur permettre d’accomplir leur travail de manière consistante, et de produire des performances au théâtre et au cinéma empreintes de vérité émotionnelle, ce qui est l’un des traits caractéristiques de cette méthode.
Celle-ci est particulièrement adaptée au jeu réaliste, ce qui explique son succès non seulement au théâtre, mais aussi au cinéma, où ce type d’interprétation est fortement représenté. Le jeu réaliste consiste à développer un personnage dont la construction repose principalement sur les émotions qu’il va ressentir au cours de la pièce ou du film. On parle souvent de vérité émotionnelle. À l’autre bout du spectre, on pourrait parler d’un jeu très théâtral et très formel, où la vérité émotionnelle n’est plus le but principal du travail du metteur en scène et du comédien. Si ces deux styles et leurs intermédiaires existent au théâtre et au cinéma, le jeu réaliste reste prépondérant dans le septième art, et particulièrement à Hollywood.
Les exercices ont été proposés par Lee Strasberg dans un ordre et en fonction d’un apprentissage très précis, afin de développer petit à petit la capacité de l’acteur à proposer un jeu ancré dans le moment présent et dans la vérité émotionnelle de ce moment. Certains d’entre eux consistent en des versions améliorées d’exercices conçus par Stanislavski et ses élèves, d’autres sont des créations à part entière de Lee Strasberg.
Mentionnons notamment l’exercice de la mémoire sensorielle, pierre angulaire de la méthode et qui sert de base à de nombreux autres exercices. Il s’agit de récréer par la mémoire une expérience de perception sensorielle, par exemple le moment où l’on boit sa boisson du matin. Lorsque nous accomplissons un exercice de mémoire sensorielle, on cherchera à revivre cette expérience ailleurs que là où elle a été vécue et, pour le coup, sans la boisson dans les mains.
Il est ainsi possible de recréer en nous toutes sortes d’expériences vécues (une douche, une odeur, un goût, un endroit, un objet, etc.), dans la mesure où nous gardons en mémoire l’ensemble de ces expériences, sous une forme ou sous une autre, que nous en soyons conscients ou non. C’est un peu ce que Marcel Proust relate dans l’épisode de la madeleine (À la recherche du temps perdu), la grande différence étant que l’expérience évoquée par l’écrivain français est involontaire, alors que l’acteur choisira de revivre une expérience sensorielle du passé.
Il faut souligner également l’importance que Lee Strasberg accordait à la relaxation de l’acteur avant tout travail, et ce afin qu’il se rende le plus disponible possible. Chaque séance commence ainsi toujours par cette phase de relaxation, que ce soit en vue d’un entraînement, d’une répétition, d’une représentation ou d’un tournage.
À partir des exercices de base parmi lesquels figure celui de la mémoire sensorielle, on peut se tourner vers d’autres plus complexes, comme celui de la mémoire affective, ou encore celui de l’animal. Le but est de permettre à un acteur d’utiliser des expériences qu’il a vécues, des événements de son passé, pour faire naître en lui des émotions réelles, interprétées par le public comme celles ressenties par le personnage lors d’une situation définie dans le cours de la pièce ou du film.
L’ensemble des exercices de la méthode permet donc à l’acteur de travailler à la fois à la construction[...]
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Écrit par
- Ivan MAGRIN-CHAGNOLLEAU : acteur, metteur en scène et professeur de théâtre, chercheur au CNRS ( esthétique et philosophie de l'art).
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Média
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