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ACTUALISME ET CATASTROPHISME

La géologie est une science qui a pour objet l'étude de la Terre et de son histoire. La reconstitution du passé de notre globe nécessite, à partir de l'étude de traces anciennes, l'élaboration d'hypothèses qui sont notamment fondées sur le principe des causes actuelles. Ce principe postule que les processus géologiques passés sont identiques à ceux que l'on observe actuellement (érosion, sédimentation, métamorphisme, volcanisme, séisme, orogenèse...). La doctrine qui découle de ce principe s'appelle l'actualisme.

Cette théorie, très en vogue au xixe siècle, a eu des partisans qui ont poussé l'idée à l'extrême – c'est l'uniformitarisme : les causes anciennes sont non seulement identiques aux causes actuelles, mais elles sont également lentes, continues et de même intensité qu'aujourd'hui. De plus, cette thèse partait du principe que d'autres facteurs n'avaient pas pu exister dans le passé.

La doctrine que l'on confronte habituellement à l'uniformitarisme est le catastrophisme. Selon elle, l'histoire de la Terre est faite de périodes calmes interrompues par des cataclysmes qui ont façonné notre globe. Il est à noter d'ailleurs que, dès les débuts de l'humanité, les catastrophes ont contribué, à travers nombre de récits mythiques (le Déluge, l'Atlantide...), à la tentative d'expliquer le monde.

Une opposition très ancienne

Les visions opposées de l'actualisme et du catastrophisme ont de tout temps plus ou moins coexisté. Et, tout au long de l'histoire des sciences de la Terre, on pourrait trouver chez les auteurs une inclination plus ou moins affirmée pour l'une ou l'autre doctrine, avec parfois un amalgame des deux.

Dès l'Antiquité, les idées des aristotéliciens se confrontent à celles des stoïciens. Les premiers pensent que les agents quotidiens, par leur action lente et continue, peuvent entraîner des changements dans la position des terres, des mers, des plaines et des montagnes. Ces changements lents et cycliques se compensent d'une région à l'autre et la Terre est globalement dans un état d'équilibre. Les seconds, en revanche, sont persuadés que le monde est fait d'une succession de périodes de destruction et de renouvellement. Dans les deux cas, la Terre est éternelle.

Déluge et catastrophe géologique - crédits : Fondo Antiguo de la Biblioteca de la Universidad de Sevilla/ FLickr ; CC 2.0

Déluge et catastrophe géologique

À la Renaissance, cette vision d'un temps infini est abandonnée au profit des idées judéo-chrétiennes : la Terre a un début (la Création), une histoire (dont le Déluge) et une fin (l'Apocalypse). C'est dans ce contexte que se développent les thèses diluvianistes de la fin du xviie siècle, notamment celles de Thomas Burnet (1635-1715), John Woodward (1665-1728) et William Whiston (1667-1752). Comme René Descartes l'a fait un peu plus tôt dans ses Principia philosophiae (1644), ces savants anglais proposent des théories de la formation de la Terre. À la différence du modèle cartésien, elles suivent littéralement les textes bibliques et accordent une importance majeure au Déluge, cataclysme responsable à lui seul de l'aspect actuel de notre globe. Parallèlement, quelques naturalistes s'attachent à décrire la nature (ce qui est l'un des fondements de l'actualisme) : Robert Hooke (1635-1703) envisage notamment que les fossiles pourraient permettre de dater les terrains anciens ; Nicolas Sténon (1638-1686) introduit le terme de « strate » et pose les fondements de la stratigraphie et de la tectonique ; Henri Gautier (1660-1737) développe ses idées sur le cycle érosion-sédimentation-orogenèse ; etc.

Au xviiie siècle, les successeurs des diluvianistes sont Nicolas Antoine Boulanger (1722-1759), Barthélémy Faujas de Saint-Fond (1741-1819), Horace Bénédict de Saussure (1740-1799), Déodat de Gratet de Dolomieu (1750-1801) ou Jean-André Deluc (1727-1817) ; ils sont partisans[...]

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Déluge et catastrophe géologique - crédits : Fondo Antiguo de la Biblioteca de la Universidad de Sevilla/ FLickr ; CC 2.0

Déluge et catastrophe géologique