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ACTUALISME ET CATASTROPHISME

L'apparition de l'uniformitarisme

Entre 1830 et 1833, le géologue écossais Charles Lyell (1797-1875) publie son ouvrage en trois volumes Principles of geology qu'il révisera et augmentera toute sa vie jusqu'à la dernière édition, l'année de sa mort, en 1875. Cette œuvre, qui est un réquisitoire contre la pensée catastrophiste dominante et une synthèse des connaissances géologiques de l'époque, aura un succès mondial, ce qui explique sans doute que l'on voit souvent Lyell comme le fondateur de l'uniformitarisme. Elle inspirera notamment Charles Darwin (1809-1882) pour élaborer sa théorie de l'évolution des espèces.

Lyell est très tôt persuadé que ses observations sur le terrain ne peuvent pas être expliquées par les théories catastrophistes. Pour lui, les processus géologiques en action sont restés inchangés : la Terre est stable même si elle subit des changements, ces derniers sont lents, constants, cumulés et ils se compensent. Les idées de Lyell sont déjà présentes dans les œuvres System of the Earth (1785) et Theory of the Earth (1795) de son compatriote James Hutton (1726-1797). Ce dernier, qui est considéré comme le père de la géologie moderne, conclut à des phénomènes permanents et de même intensité ainsi qu'à la nécessité d'étudier la nature actuelle pour comprendre le passé. Selon lui, la Terre, au cours de sa très longue histoire, est soumise à des cycles lents : érosion des continents, sédimentation au fond des mers, induration voire fusion de ces sédiments sous l'action de la chaleur, injection de ces produits en fusion dans les couches, remontée et formation de nouvelles montagnes.

Lyell n'est donc pas le premier uniformitarien. En revanche, il est l'un des seuls à pousser la doctrine à l'extrême. Un certain nombre de ses contemporains actualistes, opposés comme lui-même aux thèses de Cuvier, ne sont pas aussi catégoriques. Ainsi en est-il de Constant Prévost (1787-1856) et de toute une école française ; cette dernière est persuadée de l'intérêt d'étudier les processus géologiques actuels et préfère éviter d'invoquer des phénomènes imaginaires pour interpréter ses observations, mais elle ne croit pas que seules des causes lentes puissent rendre compte de l'état de la nature et elle ne refuse pas absolument de faire appel à des épisodes violents si elle le juge nécessaire. Nous sommes donc loin des vues uniformitariennes de Lyell et, paradoxalement, plus proches des idées de certains catastrophistes de l'époque, comme Élie de Beaumont, qui ne rejettent pas en bloc les concepts actualistes. Ils n'envisagent un cataclysme que lorsque les facteurs actuels ne sont pas satisfaisants à leurs yeux pour expliquer un événement passé. C'est le cas de la disparition et du renouvellement des faunes et des flores fossiles comme de la formation des montagnes.

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Déluge et catastrophe géologique - crédits : Fondo Antiguo de la Biblioteca de la Universidad de Sevilla/ FLickr ; CC 2.0

Déluge et catastrophe géologique