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ACTUALISME ET CATASTROPHISME

Évolution des pensées uniformitariennes et catastrophistes

À la suite de Lyell, les thèses uniformitariennes ou actualistes en géologie et les thèses évolutionnistes en paléontologie vont dominer ; les montagnes désormais s'élèvent et s'érodent, les transgressions et les régressions des mers modifient l'emplacement des terres, les continents dérivent...

La pensée catastrophiste est dénigrée. Les grandes phases d'extinction font l'objet d'une attention moindre, même si leur réalité ne fait plus guère de doute. L'intérêt se porte davantage vers le concept de continuité évolutive. Les crises responsables de modifications majeures dans les faunes et flores fossiles ne reviennent sur le devant de la scène qu'en 1980, lorsque est émise l'hypothèse, par des chercheurs américains, de la collision d'une météorite avec la Terre. Les événements imprévisibles et violents, sur la base de plusieurs observations convergentes, sont de nouveau envisagés dans certains cas comme explications plausibles.

Aujourd'hui, un certain consensus s'est installé, ce qui a permis aux deux approches de trouver leur place. La Terre n'est pas en équilibre permanent ; elle évolue, que ce soit notamment du point de vue de son refroidissement et de sa convection. Cette évolution est très lente et met toujours en jeu les mêmes cycles de processus : ruptures de continents et ouvertures d'océans, création de croûte océanique puis destruction, collisions continentales à l'origine de certaines chaînes de montagne, montée de panaches mantelliques... Ces phénomènes géologiques sont donc tout à la fois cycliques et en constante évolution. Ils sont également uniformitariens car ils sont lents et continus ; mais d'autres sont catastrophistes car ils sont violents et cataclysmiques comme l'hypothèse de très fortes éruptions volcaniques dans le Deccan ou celle de la collision d'une météorite pour expliquer les extinctions massives de la limite Crétacé-Tertiaire.

Par ailleurs, on n'affirme plus de nos jours que les processus passés et actuels ont été identiques en tous points. Ainsi, en est-il lorsqu'on postule que la vie serait apparue sur Terre il y a environ trois milliards d'années dans une atmosphère réductrice (pauvre en oxygène), bien différente de celle d'aujourd'hui. De même, on accepte l'idée que certains phénomènes n'existent que temporairement sur des périodes définies. Certains de ces processus rares, comme les glaciations et les inversions du champ magnétique terrestre, ont été identifiés mais d'autres se sont peut-être dérobés à notre sagacité par manque de traces ou par défaut d'interprétation.

Le principe des causes actuelles a été une étape fondamentale dans l'histoire de la géologie car il s'appuie sur l'observation de la nature. Il a permis l'émergence d'une science rationnelle par opposition aux cosmogonies fondées sur l'ingérence divine ou l'imagination. Une de ses applications, parmi de nombreuses autres, permet de reconstituer des niveaux anciens de mers ou des climats anciens à partir de coraux ou de flores fossiles. Mais le principe des causes actuelles ne doit rester qu'une des multiples voies lors de la formulation d'une hypothèse scientifique, car privilégier une seule approche peut se révéler restrictif et simplificateur.

— Florence DANIEL

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Déluge et catastrophe géologique - crédits : Fondo Antiguo de la Biblioteca de la Universidad de Sevilla/ FLickr ; CC 2.0

Déluge et catastrophe géologique