ACUPUNCTURE
Toutes les civilisations se sont efforcées de combattre la douleur. Le procédé le plus paradoxal (en apparence) est sans doute l'acupuncture, utilisée en Chine depuis plusieurs millénaires, qui consiste à implanter des aiguilles dans certains points précis du corps. Reposant sur des bases théoriques traditionnelles très complexes, sa pratique paraît s'être transmise sans grande modification jusqu'à l'époque actuelle. Sa survivance à l'épreuve du temps plaide en sa faveur. En France, l'enseignement de l'acupuncture fait l'objet d'un diplôme national et non plus d'un simple diplôme inter-universitaire. C'est le fruit du protocole de coopération universitaire conclu le 2 février 2007 entre la Chine et la France.
Depuis qu'elle s'est répandue hors de Chine, l'acupuncture a suscité l'intérêt et l'attention de plusieurs milieux médicaux et scientifiques de part et d'autre de l'Atlantique. La raison essentielle de cet intérêt fut l'évidence d'une action analgésique suffisamment puissante pour permettre des interventions chirurgicales. La coïncidence entre ces résultats et une évolution des conceptions neurophysiologiques de la douleur a été à l'origine de travaux qui laissent entrevoir de possibles mécanismes neurobiologiques.
Il convient de souligner que le terme acupuncture englobe actuellement des conceptions médicales diverses. Pour certains, cette technique ne peut se concevoir qu'au travers des lois de la médecine chinoise traditionnelle avec la référence obligatoire aux notions de points, de méridiens, d'énergie yin et yang. Pour d'autres, elle doit suivre l'évolution des données neuroanatomiques et neurophysiologiques, et acquérir de la sorte son statut scientifique.
Restreinte à cette conception moderne, l'acupuncture ne présente plus qu'un rapport lointain avec ses bases classiques. On est alors en droit de se demander si la dénomination d'acupuncture demeure légitime pour désigner non plus le système médical originel mais le simple procédé de stimulation périphérique.
L'hypothèse émise est que l'implantation d'aiguilles provoque l'excitation d'afférences périphériques qui vont modifier l'intégration des messages douloureux dans le système nerveux central. Cette interprétation des effets de l'acupuncture s'apparente à celle des autres procédés de stimulation qui visent à activer un mécanisme inhibiteur endogène : neurostimulation transcutanée, médullaire ou thalamique.
Comparativement aux techniques neurochirurgicales, l'acupuncture apparaît ainsi comme une technique simple et non invasive qui, de même que la neurostimulation transcutanée, constitue une alternative analgésique valable.
C'est presque exclusivement cette action analgésique qui sera abordée ici. D'autres effets possibles demeurent, encore très imparfaitement compris.
Définitions préliminaires
Acupuncture traditionnelle
L'acupuncture traditionnelle postule l'existence d'une énergie yin et yang, circulant dans l'organisme dans un système complexe de méridiens superficiels. La maladie résulterait d'un déséquilibre énergétique qui sera régularisé par l'implantation d'une aiguille d'acupuncture au niveau de points spécifiques.
Électro-acupuncture
La majorité des travaux ont porté sur l'électro-acupuncture. Les avantages sont une plus grande facilité d'utilisation pour de longues périodes, un meilleur contrôle du niveau plus ou moins élevé de la stimulation électrique. Celle-ci est délivrée au travers des aiguilles d'acupuncture implantées au niveau des points chinois. L'idée n'est pas récente puisque en Europe, dès 1825, Sarlandière préconisait l'utilisation antalgique de l'électro-acupuncture. Actuellement, les paramètres électriques sont choisis[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- François BOUREAU : chef de travaux, assistant en neurophysiologie à l'hôpital Saint-Antoine, Paris
Classification
Média
Autres références
-
CHINOISE (CIVILISATION) - La médecine en Chine
- Écrit par Florence BRETELLE-ESTABLET
- 8 482 mots
- 2 médias
...et curatives dont la pharmacopée, le Huangdi Neijing et le Nanjing négligent les approches pharmaceutiques et mettent l'accent sur la saignée et l'acuponcture. L'origine de l'acuponcture comme des points d'acuponcture du Huangdi Neijing est inconnue. Mais il semble que des outils... -
DOULEUR
- Écrit par François BOUREAU et Jean-François DOUBRÈRE
- 4 970 mots
- 1 média
Leterme acupuncture définit aujourd'hui des pratiques et des conceptions extrêmement différentes. Certaines restent imprégnées par la tradition chinoise antique, d'autres sont très proches des stimulations périphériques analgésiques. Les données actuelles permettent de comprendre comment certaines stimulations... -
MÉDECINES ALTERNATIVES
- Écrit par Bernard CHEMOUNY et Bernard POITEVIN
- 1 653 mots
- 3 médias
L'acupuncture correspond à différentes pratiques qui vont de l'acupuncture traditionnelle à une acupuncture plus neurophysiologique, proche des techniques d'électrostimulation. Son principal domaine d'activité est le traitement de la douleur : lombalgies, cervicalgies, douleurs dentaires, myalgies. Elle...