MALIK ADAM (1917-1984)
Ancien ministre de Sukarno puis ministre des Affaires étrangères du général Suharto (1966-1977), et enfin vice-président de la République indonésienne (1978- 1983), Adam Malik était l'un des survivants de la « génération de 1945 » qui a proclamé l'indépendance.
Son exceptionnelle longévité politique justifie qu'il ait été comparé à l'équivalent indonésien de maître Renart.
Né au nord de Sumatra le 22 juillet 1917, il est le fils d'un riche commerçant qui l'envoie à l'école primaire locale puis dans une école musulmane. Mais A. Malik préfère vite la politique active à l'enseignement religieux. Plus tard, il se dira volontiers autodidacte.
Dans ses mémoires, il avoue avoir été frappé dès ce moment par la misère des ouvriers de plantations, clients de son père. Il fonde alors une branche locale du Partindo, le parti nationaliste de Sukarno bientôt interdit, et s'essaie au journalisme. À dix-sept ans, il part pour Batavia, la capitale. Ses sympathies nationalistes radicales lui valent d'être emprisonné pendant un an par les Néerlandais. En 1937, il rejoint le Gerindo, mouvement nationaliste de gauche antifasciste, et réussit à fonder Antara qui est aujourd'hui encore l'agence de presse nationale.
Arrêté une nouvelle fois, il se voit rendu à la liberté grâce à l'invasion japonaise.
S'il déteste la dureté arrogante des nouveaux occupants, il n'en travaille pas moins à l'agence de presse nippone Domei. Ambiguïté caractéristique de la plupart des nationalistes indonésiens d'alors : la résistance est surtout un état d'esprit. À la fin de la guerre, Malik est du petit groupe d'activistes qui ne veut pas que l'indépendance de l'Indonésie soit un « cadeau » du Japon fasciste promis à une proche défaite. Ils vont jusqu'à enlever Sukarno et Hatta – futurs président et vice-président de la République – pour les obliger à proclamer cette indépendance. C'est chose faite le 17 août 1945, et A. Malik en fait diffuser la nouvelle dans le monde par Domei !
Pendant la lutte contre le retour des Néerlandais qui dure jusqu'en 1949, A. Malik est de ceux qui réclament une indépendance sans concessions et rejettent la voie des négociations et du compromis : mêlé pour cela à l'enlèvement du Premier ministre, il est de nouveau arrêté. Il se montre par ailleurs peu favorable à l'instauration du multipartisme instauré par ceux qu'inspirent les démocraties à l'occidentale.
Il est pourtant l'un des fondateurs du Murba, parti antifasciste, anti-impérialiste et anticapitaliste, défenseur du « peuple pauvre » et partisan d'un exécutif fort. Le Murba, qui ne sera jamais un parti de masse, se verra accusé de trotskisme puis de titisme par le Parti communiste (P.K.I.).
Pendant les années 1950, A. Malik est député du Murba alors que l'Indonésie s'essaie justement au système parlementaire. Mais il souhaiterait revenir au régime présidentiel de 1945 et, sur ce point, il rejoint les officiers de l'armée qui se méfient eux aussi des partis et spécialement des communistes.
1959 marque le début de la « démocratie dirigée », qui rend à Sukarno des pouvoirs étendus. Adam Malik se voit confier l'ambassade de Moscou, avec mission de se procurer de l'armement pour la campagne de libération de l'Irian occidental resté aux mains des Néerlandais depuis 1949. Lorsque Sukarno, fort de l'appui américain, choisit de régler le problème par la diplomatie, c'est encore A. Malik qui est chargé des négociations secrètes qu'il mène à bien en 1962.
Alors que les difficultés économiques s'accroissent et que Sukarno s'appuie sur les masses communistes afin de poursuivre la révolution, A. Malik est nommé ministre du Commerce (nov. 1963). Il est une des bêtes noires du P.K.I.[...]
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Écrit par
- Françoise CAYRAC-BLANCHARD : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
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