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MICKIEWICZ ADAM (1798-1855)

Mickiewicz est pour le Polonais ce que Dante est pour l'Italien : l'altissimo poeta, mais aussi le duce e maestro, le vates, le guide inspiré qui, dans une période tragique, a incarné les meilleures valeurs de sa nation et qui, comme l'a représenté Bourdelle sur le Cours-la-Reine, a pris la tête de la longue colonne de ce peuple déchiré, de ce peuple d'exilés en marche vers l'avenir, vers une nouvelle ère de l'histoire humaine.

Des pages qui émeuvent tout homme, par-delà le temps et les frontières, une influence inégalée et qui aida puissamment les Polonais asservis à maintenir leur unité et leur conscience nationales, une puissance du verbe qui fait qu'on n'a plus écrit en polonais après Mickiewicz comme avant lui, voilà l'actif de ce génie.

La vie d'un exilé

Né près de Nowogródek (en Lituanie), dans une famille noble pauvre, Adam Mickiewicz fait ses études à l'université de Wilno, de 1815 à 1819, où il est l'âme du groupement patriotique secret des philarètes. Son premier recueil de poésies (Poezje, 1822) fait aussitôt de lui – jeune professeur au gymnase de Kowno (Kaunas) – le chef de sa génération et assure le triomphe du romantisme en Pologne. Arrêté avec les philarètes en octobre 1823, il est déporté en Russie : de 1824 à 1828, il séjourne à Pétersbourg, Odessa (excursion en Crimée), Moscou, et se lie d'amitié avec les décabristes et avec Pouchkine. Autorisé en 1829 à quitter l'Empire des tsars, il traverse l'Europe, rendant visite à Goethe à Weimar, puis séjournant à Rome où il apprend l'insurrection de novembre 1830. Désireux de rejoindre les insurgés, il n'arrive qu'en Posnanie. Il se replie sur Dresde à la fin de l'insurrection, y voit passer les flots des émigrants et, comme la plupart d'entre eux, gagne la France.

C'est à Paris, à partir de 1832, qu'il passera la plus grande partie de sa vie ; il ne reverra jamais la Pologne. Après son mariage, en 1834, des soucis familiaux s'ajoutent à ceux qu'il partage avec les émigrés, qui, à travers les divergences politiques, reconnaissent en lui le plus grand poète polonais et le chef spirituel de l'émigration. En 1839, il est élu professeur de littérature latine à l'université de Lausanne ; en 1840, une chaire des littératures slaves est créée pour lui au Collège de France : il y enseigne, aux côtés de Michelet et de Quinet, à partir de décembre 1840. En avril 1844, il est suspendu de ses fonctions ; son enseignement, de plus en plus marqué par le messianisme d'Andrzej Towiański, inquiétait le gouvernement. Lors des révolutions de 1848, il organise à Rome une Légion polonaise dont l'importance sera surtout symbolique : reprise de la lutte armée, cette fois contre l'Autriche. Revenu à Paris, il fonde la Tribune des peuples. Sa chaire ne lui est pas restituée par le prince-président, mais il est nommé bibliothécaire à l'Arsenal. Lors de la guerre de Crimée, sous couvert d'une mission historique, il part pour la Turquie, participe à l'organisation de corps de volontaires polonais contre la Russie ; il meurt du choléra à Constantinople.

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