Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RAYSKI ADAM (1913-2008)

Né en Pologne, le 14 août 1913, à Bialystok, Abraham Rajgrodski, fils de commerçant, devient secrétaire de la jeunesse communiste locale. Il émigre à Paris en 1932 et est actif au sein de la Main-d'œuvre immigrée (MOI), dans laquelle le Parti communiste (PCF) rassemble ses militants étrangers. Il est journaliste au quotidien yiddishNaïe presse (« Presse nouvelle »), mais travaille aussi à L'Humanité, dirigée par André Marty puis Paul Vaillant-Couturier. Adam Rayski est alors fasciné par les kominterniens qu'il rencontre car il lui semble que « la Terre entière leur sert de théâtre d'opérations ». Le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 n'entame donc pas sa volonté de « rester accroché au Parti » qu'il défend dans son journal devenu clandestin sous le titre UnzerWort (Notre Parole). En 1940, il rejoint à Coëtquidan un régiment polonais ; fait prisonnier, il s'évade et regagne Paris en juillet.

Dans UnzerWort, il dénonce nettement la législation antisémite de Vichy et les premières rafles de juifs étrangers à Paris (no 33 du 14 mai 1941). À partir de l'attaque de l'URSS par le IIIe Reich, Adam Rayski est le responsable national des organisations juives du PCF. Il relaie les informations données par Radio-Moscou, le 24 août 1941, sur les crimes des Einsatzgruppen qui ont commencé l'extermination du peuple juif. Dès l'hiver suivant, il contribue à l'édition d’une brochure de quatre-vingts pages sur l'antisémitisme, le racisme, le problème juif. Longtemps attribuée à Georges Politzer, cette brochure a en fait été écrite par son camarade Louis Gronowski, et sa diffusion représente « un tour de force pour un mouvement clandestin » (P. Laborie).

En juillet 1942, avec des catholiques et des protestants, Rayski fonde le Mouvement national contre le racisme. Le 20 novembre 1942, UnzerWort annonce les assassinats de masse, en Pologne, de juifs déportés de France. L'année 1942 est la plus terrible, puisqu'on y dénombre 41 951 déportés raciaux dont près de la moitié furent gazés dès leur arrivée à Auschwitz.

Après les grandes rafles de juillet 1942, Adam Rayski organise à Paris le 2e détachement juif des FTP-MOI, qui sera particulièrement actif puis presque anéanti à l'automne de 1943. Après la guerre, devenu historien de la Résistance juive, il a témoigné de la puissance de feu des FTP-MOI. Il a montré également l'acharnement avec lequel les brigades spéciales de la police s'employèrent à leur démantèlement, contribuant notamment aux arrestations massives de novembre et à l'exécution de vingt-deux membres du groupe Manouchian, le 21 février 1944, au mont Valérien. La propagande de l'État français avait alors diffusé massivement une affiche rouge dénonçant les « terroristes » et « la libération par l'armée du crime ».

Passé en zone sud à l'été de 1943, Rayski coopère avec le Bund et les sionistes. Il est l'un des cofondateurs du Comité général de défense juive (CGD) qui devient, en décembre 1943, le Conseil représentatif des Israélites de France (CRIF).

Malgré la collaboration forcée de l'Union générale des Israélites de France (créée à la demande des Allemands) aux recensements et aux regroupements, les trois quarts de la communauté juive de France furent sauvés, donnant raison aux tracts communistes qui avaient affirmé : « L'odieux racisme des cannibales fascistes n'a pas de prise sur les Français. » Adam Rayski fit remarquer plus tard que l'autodéfense efficace n'aurait pas atteint ces résultats « dans une France majoritairement antijuive ».

Après avoir contribué à la solidarité du PCF avec ceux qui se battaient pour la création de l'État d'Israël, Adam Rayski retourna en Pologne de 1949 à 1957, comme président de l'administration[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

Classification