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ADAPTATION Adaptation biologique

En biologie comme en technologie, le concept d'adaptation sert généralement à comprendre la relation qui existe entre les structures et les fonctions qu'elles remplissent. Dire d'un organe ou d'un outil qu'il est bien adapté signifie qu'il est efficace, autrement dit que les caractères de l'objet sont bien appropriés au rôle qu'il peut jouer.

Trois acceptions de l'adaptation des êtres vivants

Selon une première interprétation, l'adaptation recouvre un ensemble de constatations structuro-fonctionnelles propres aux êtres vivants et rendant compte de leur survie dans un environnement donné. Cette acception statique de l'adaptation correspond à la notion développée par Georges Cuvier (1769-1832) sous le nom de « conditions d'existence ». Elle est illustrée par tout le travail d'analyse réalisé depuis deux siècles sur une multitude d'organismes. Bien loin de constituer un simple truisme, cette vision de l'adaptation est considérablement enrichie et approfondie par l'analyse comparative. Deux espèces de poissons vivant dans des environnements différents présenteront des caractéristiques distinctes de leurs branchies que l'on pourra très directement relier aux particularités des milieux où ils vivent. On parlera d'adaptation de leur système branchial, rendant compte de la survie des organismes tels qu'ils sont, par référence à leur mode de vie et à leur environnement.

Selon une deuxième acception, l'adaptation représente les transformations physiologiquement bénéfiques que subit un organisme individuel soumis à de nouvelles conditions de vie et qui lui permettent de répondre de façon plus efficace à ces conditions nouvelles (« adaptation » du rythme cardiaque à l'exercice). Dans ce sens, souvent utilisé par les physiologistes, l'adaptation est un processus dynamique. Elle modifie l'organisme à la fois dans ses structures corporelles et dans ses fonctions mais demeure un phénomène individuel. Les termes « somation » (du grec soma, le « corps ») ou « acclimatation » correspondent précisément à cette acception de l'adaptation, et sans doute sont-ils préférables bien que peu usités.

Enfin, selon une troisième acception, l'adaptation constitue un mécanisme par lequel des transformations entre espèces peuvent intervenir au cours de l'évolution. Elle représente, là aussi, un processus dynamique. Les mécanismes mis en jeu sont typiquement ceux qui sont pris en compte par la théorie synthétique de l'évolution : variabilité génétique et sélection naturelle. Le premier terme représente une composante aléatoire et le second exprime la nécessité (survie ou non), ce qui introduit donc l'adaptation au cœur même du mécanisme évolutif. C'est à la faveur d'adaptations que les organismes (les populations) se transforment. En effet, dans le cadre de cette mécanique évolutive traditionnelle, la formation d'espèces nouvelles (spéciation), et, au-delà d'elle, tous les résultats « macroévolutifs » (formation des catégories élevées de la systématique : Ordres, Classes...) apparaissent comme des conséquences de l'adaptation.

Cette dernière acception de l'adaptation apparaît ainsi comme la plus fructueuse à considérer, même si sa valeur comme agent explicatif universel des mécanismes évolutifs a été fortement modulée, voire vigoureusement contestée depuis les années 1970, en particulier par l'évolutionniste et paléontologue Stephen Jay Gould (1941-2002). Il serait exagéré de considérer toute transformation évolutive comme une adaptation, ou que toute évolution se réalise nécessairement toujours au travers d'adaptations utiles au sein des populations, ce que propose le « panadaptationnisme » contre lequel Gould s'était élevé.

Les trois sens[...]

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Écrit par

  • : professeur au Collège de France, chaire de biologie historique et évolutionnisme

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