ADDIS-ABEBA
La capitale fédérale de l'Éthiopie regroupe 3,059 millions d'habitants (2007) sur le piémont, planté d'eucalyptus, de la montagne d'Entotto. Dans les années 1880, Ménélik, roi du Choa, y avait bâti deux églises et un camp militaire pour surveiller ses conquêtes méridionales. Son épouse Taytu préféra, en 1887, s'établir en contrebas près des sources d'eau chaude (Filoha). En 1889, Ménélik, couronné roi des rois dans l'église d'Entotto Mariam, construisit son palais sur une légère éminence volcanique proche de Filoha. D'abord appelé Addis (« nouvel ») Entotto, la ville prit, en amharique, le nom d'Addis-Abeba (« nouvelle fleur ») qui s'imposa à la place de Finfinnee, en oromo. L'afflux des habitants ayant entraîné le déboisement du piémont, en 1902 Ménélik transféra sa capitale plus à l'ouest, à Addis Alem (« nouveau monde »). Ne pouvant prolonger, faute de finances, le chemin de fer, le négus demeura à Addis-Abeba, où le reboisement en eucalyptus avait résolu la question du bois. Les quartiers actuels coïncident avec les palais des grands ras et les églises qu'ils ont fondées. La ville a glissé vers le bas, vers la gare, à peine achevée pour le couronnement de Haïlé Sélassié en 1930. Les Italiens (1936-1941) déménagèrent le grand marché (Mercato) à l'ouest, s'installèrent autour de la Piazza, au nord. La population augmenta à partir de 1960, avec la centralisation du pouvoir, qui accrut notablement les fonctions administratives. Siège de l'Organisation de l'unité africaine depuis 1963, Addis-Abeba accueille plus de cent ambassades et de nombreuses agences internationales et maintenant des O.N.G. En 1970, on y comptait déjà 800 000 habitants et, pendant la révolution, en dépit des troubles, la croissance se maintint. Depuis 1991, l'exode rural a encore accéléré l'urbanisation, qui est bloquée vers le nord par la forêt protégée couvrant le piémont. Deux axes de prestige parallèles, nord-sud, suivent la pente : l'un à l'ouest, l'avenue Churchill, bordée par la grande poste, la banque nationale, le lycée, le théâtre relie la Municipalité (mairie) à la gare ; l'autre, à l'est, réunit l'université, la cathédrale, des ministères, le Parlement, le palais de Ménélik, les grands hôtels internationaux, le palais du Jubilé, le palais de l'Afrique et, ensuite, s'infléchissant vers le sud-est, l'aéroport de Bolé. Les voies est-ouest recoupent les vallées encaissées où se loge l'habitat précaire, mélange de bidonvilles, de huttes, de jardins que dominent, sur les interfluves plats, les monuments, les immeubles de rapport, les premières tours et les villas. Les quartiers industriels et commerçants (mécanique, briqueterie, artisanat) se développent vers l'ouest à partir du Mercato. Vers l'est, l'agglomération rejoint l'aéroport et le boulevard périphérique est-ouest. Les quartiers résidentiels, qui se hérissent de tours, s’étendent entre le bâtiment de l’O.U.A. et la zone industrielle et de services de l'aéroport, où l'on entretient et assemble des avions et des camions. Vers le sud, les industries, à participation chinoise et indienne, bordent la voie ferrée et la route : cimenterie, tanneries, mécanique, fers à béton et produits chimiques. Aqaqi, ville textile, est englobée dans l'agglomération de la capitale qui déborde les limites fédérales et se poursuit, dans la région-État limitrophe des Oromo (Oromie), par une rue d'usines qui atteindra bientôt Nazareth. La capitale, bastion de l'opposition au gouvernement, est enserrée dans des limites étroites qui s'efforcent d'empêcher son emprise politique, économique et culturelle sur l'Oromie. En effet, à plus de 80 p. 100, sa population parle l'amharique et son influence s'élargit à une conurbation de 4 millions d'habitants.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
Classification
Médias
Autres références
-
DJIBOUTI
- Écrit par Colette DUBOIS , Encyclopædia Universalis , Alain GASCON et Jean-Louis MIÈGE
- 7 778 mots
- 6 médias
La première fonction fut remplie avec la construction du chemin de fer reliant Addis-Abeba aux rives de la mer Rouge. Prévue dès 1894, la construction, commencée en 1897, ralentie par de nombreuses difficultés politiques et matérielles, s'accéléra après la signature d'une nouvelle convention avec l'Éthiopie... -
ÉTHIOPIE
- Écrit par Jean CHAVAILLON , Jean DORESSE , Encyclopædia Universalis , Éloi FICQUET , Alain GASCON , Jean LECLANT , Hervé LEGRAND , Jacqueline PIRENNE et R. SCHNEIDER
- 24 492 mots
- 26 médias
...l'amharisation, notamment à Addis-Abeba. En 1970, les citadins représentaient 9 % de la population totale, 11 % en 1984, 13,6 % en 1994 et 16,2 % en 2007. La capitale fédérale (2,7 millions d'habitants) se prolonge vers le sud, le long de la voie ferrée et de la route vers Djibouti, par une conurbation industrielle... -
ITALIE - Histoire
- Écrit par Michel BALARD , Paul GUICHONNET , Jean-Marie MARTIN , Jean-Louis MIÈGE et Paul PETIT
- 27 498 mots
- 40 médias
...contournées. Les opérations militaires, après s'être embourbées à l'automne, s'accélèrent en février 1936. Le 5 mai, les troupes italiennes font leur entrée à Addis-Abeba. Le 9 mai, le roi d'Italie annexe l'Éthiopie et adopte le titre de « roi d'Italie et empereur d'Éthiopie ». Un rêve vieux d'un demi-siècle...