HALL ADELAIDE (1904-1993)
Le jazz ne fut qu'une flamboyante parenthèse dans sa vie. C'est pour avoir un jour de 1927 rencontré un magicien nommé Duke Ellington et enregistré avec lui deux titres qui comptent parmi les premiers coups d'éclat discographiques de l'orchestre qu'elle entre dans l'histoire. Née de la comédie musicale, elle y retournera très vite sans pour autant y laisser la trace d'une personnalité hors du commun. Quelques mois d'exception dans une vie ordinaire.
Adelaide Hall naît à New York le 20 octobre 1904. Son père, professeur de musique au Pratt Institute, à Brooklyn, lui donne les bases de son éducation musicale. Dès ses quatorze ans, elle fait ses débuts sur scène dans diverses revues de Broadway. Elle s'illustrera notamment dans Blackbirds et Shuffle along. En 1925, elle effectue une tournée en Europe avec la revue Chocolate Kiddies. Duke Ellington ne tarde pas à distinguer la chaleur de son timbre, et ses possibilités d'expression vocale. Il l'engage pour quelques mois (1927-1928). Certes, il a déjà accompagné des chanteuses comme Evelyn Press. Mais c'est avec Adelaide Hall qu'il inaugure, dès ses premiers enregistrements marquants, la lignée des vocalistes – Baby Cox, Ivie Anderson, Kay Davis – avec lesquelles il tentera de savoureuses expériences sonores. En octobre 1927, il grave donc avec elle deux titres – Creole Love Call et The Blues I Love to Sing –, qui resteront pendant toute sa vie des classiques de l'orchestre. Pour la première fois, le chant n'a pas de texte en tant que support et s'exprime comme un véritable instrument. Adelaide Hall, souveraine, s'y fait tour à tour l'écho des effusions lascives de la clarinette de Rudy Jackson et du growl violemment expressif du roi de la trompettejungle, Bubber Miley. Encore quelques enregistrements avec Fats Waller et une tournée américaine avec Art Tatum avant qu'elle ne quitte définitivement le royaume du jazz. En 1928, elle partage avec Bill Robinson la vedette de Blackbirds of 1928, spectacle avec lequel elle se produit en Europe. Pendant plusieurs années, Adelaide Hall mènera la revue du Cotton Club. Elle chante en France avec l'orchestre de Willie Lewis (1936) et s'établit en Angleterre. Elle poursuivra sa carrière jusqu'au début des années 1980. Elle disparaît à Londres le 7 novembre 1993, complètement oubliée. S'était-elle assez souvenue du blues qu'elle aimait chanter ?
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Média