ADÉNOVIRUS
Infections humaines
Les infections seraient asymptomatiques dans près de la moitié des cas. Vu le grand nombre de sérotypes et vu l'absence d'immunité croisée, les infections à adénovirus sont fréquentes et peuvent être acquises tout au long de la vie.
Vu l'affinité des adénovirus pour de nombreux tissus ou organes, leur pouvoir pathogène est très étendu et on note des liens plus fréquents entre certains sérotypes et certains tableaux cliniques (tableau).
Chez les sujets immunocompétents
Des atteintes respiratoires sont observées, généralement fébriles et modérées à type d'angine, de rhinopharyngite, voire de tableaux associant rhinite et conjonctivite ou des aspects pseudo-coquelucheux. Les adénovirus seraient responsables de 1 à 3 p. 100 des pneumopathies de l'enfant, le plus souvent avant cinq ans, qui se présentent avec une fièvre élevée, une dyspnée, pouvant nécessiter une hospitalisation.
Des atteintes oculaires peuvent être associées à des infections des voies aériennes ou apparaître sous forme de banales conjonctivites congestives, mais elles peuvent prendre un aspect spectaculaire plus sévère de kératoconjonctivites épidémiques. Celles-ci peuvent être consécutives à des bains en piscine ou à une transmission nosocomiale contractée lors de consultations d'ophtalmologie.
Des affections du tractus intestinal accompagnent souvent d'autres localisations dominantes et sont plus rarement prépondérantes dans le tableau clinique. Certains adénovirus difficilement cultivables (dits fastidious par les Anglo-Saxons) appartenant aux sérotypes 40 et 41, découverts en 1970, possèdent une véritable spécificité « entérique ». La diarrhée est le symptôme le plus constant, durant de 3 à 11 jours, accompagnée d'une élévation de la température et d'une déshydratation généralement modérées, avec un bon pronostic. Ces infections sont chez les enfants associées à une intolérance aux glucides et au gluten.
Il est possible que des pathologies pratiquement insoupçonnées à ce jour soient imputables aux adénovirus : par exemple certains sérotypes sont susceptibles (sur modèle animal) d'induire une obésité ; les investigations chez l'homme sont en cours.
Chez les sujets immunodéprimés
Les infections peuvent être sévères ; elles résultent le plus souvent d'une réactivation de virus qui restent à l'état latent dans les tissus lymphoïdes.
On peut observer de multiples localisations allant de cystites hémorragiques, à des pneumonies, des hépatites et des méningo-encéphalites parfois extrêmement graves.
Chez les enfants immunodéprimés et chez les adultes atteints d'affections malignes et surtout chez les sujets greffés (greffe de moelle notamment), transplantés ou qui se situent à un stade avancé d'immunodépression due notamment au virus de l'immunodéficience humaine (VIH), on observe des infections multi-organes. Au cours du sida, on observe des infections respiratoires, des diarrhées et des colites entraînant l'excrétion fécale d'adénovirus (chez 23 p. 100 des patients ayant un taux de lymphocytes CD4 inférieur à 50 par mm3 dans le sang).
La mortalité dans les formes disséminées peut être très élevée, entraînant le décès de 60 à 80 p. 100 des malades.
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Écrit par
- François DENIS : docteur en médecine, docteur d'État ès sciences, professeur des Universités en bactériologie, virologie, hygiène
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