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ADJECTIF

Élément linguistique appartenant à une classe dont les caractéristiques peuvent être envisagées du triple point de vue sémantique, morphologique ou syntaxique. Selon le niveau d'analyse retenu, l'extension de la classe présente certains flottements, alors même que sa compréhension ne semble pas poser de problèmes majeurs ; en fait, on ne peut affirmer véritablement l'homogénéité de la catégorie des adjectifs qu'en se référant plus ou moins implicitement à un modèle non strictement linguistique qui suppose que la langue est un reflet de la réalité : dans ce cas, au « nom substantif », qui désigne l'être, s'oppose le nomen adjectivum, qui lui est adjoint au titre de la modalité attributive. Si, en contrepartie, on adopte une perspective structurale, on définira l'adjectif comme l'élément linguistique dont la distribution, dans l'énoncé non marqué, varie avec les systèmes considérés, mais est tributaire de l'élément vecteur du syntagme nominal, soit qu'on l'intercale récursivement entre le nom et le déterminant, soit qu'il suive le nom. À vrai dire, le manque d'universalité de cette description fait surgir certains problèmes : il y a des langues où la place de l'adjectif est assignée (l'allemand, l'anglais), d'autres où elle est relativement plus libre, comme en français, encore que toute restriction sémantique ne soit pas congédiée (« un célèbre chanteur noir américain » est l'ordre de loin le plus naturel). L'accord pose également des problèmes non négligeables : le français répercute les marques du nom sur l'épithète et l'attribut, l'anglais ne le fait sur aucun des deux, l'allemand sur l'un des deux seulement. Cette diversité tendrait à prouver que, de façon sous-jacente au moins, les contacts ne font pas de doute, d'une part, entre la catégorie adjectivale et les opérations prédicatives (en japonais, l'adjectif est une variété du verbe) et, de l'autre, entre l'adjectif et l'adverbe d'énonciation, en tant que celle-ci dénote un point de vue du sujet parlant sur les opérations logiques qu'il effectue ; ainsi, une séquence telle que « les vrais responsables » recouvre probablement une transformation plus complexe que « une opinion vraie » ; car, dans un cas, on a affaire à la réécriture d'un adverbe (ceux qui sont vraiment responsables), alors que, dans l'autre, on se contente de puiser dans le paradigme des adjectifs ; de la même façon, si un énoncé comme « la cour juge les amants diaboliques » est ambigu, c'est parce qu'il recouvre deux structures possibles : « les amants sont diaboliques » ou « les amants qui sont diaboliques ». C'est l'une des raisons pour lesquelles la grammaire générative considère toujours l'adjectif comme le résidu superficiel d'une transformation de subordination à expliciter en profondeur.

— Robert SCTRICK

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  • ACCORD, grammaire

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    On désigne par accord, en grammaire, la co-occurrence de marques intervenant, dans les langues flexionnelles, entre des unités de la phrase reliées entre elles par une cohésion grammaticale. Les règles d'accord sont très différentes selon qu'on les examine dans le code oral ou dans le code écrit...