BUSCH ADOLF (1891-1952)
Fondateur et premier violon du légendaire Quatuor Busch, Adolf Busch s'affirme aussi comme un des plus grands solistes de son temps. De la sonate au quintette, sans omettre le trio ni les ensembles plus importants, il se révélera un extraordinaire animateur de musique de chambre. Le violoniste soliste, enfin, incarne toute la grandeur de l'école germanique.
Adolf Georg Wilhelm Busch naît à Siegen, en Westphalie, le 8 août 1891. Dès l'âge de trois ans, il commence à apprendre le violon sous la férule de son père. À onze ans, il entre au Conservatoire de Cologne, où il travaille le violon avec Willy Hess et Bram Eldering, mais aussi la composition et la direction d'orchestre avec l'un des plus célèbres interprètes brahmsiens du temps, Fritz Steinbach, directeur du Conservatoire et Kapellmeister de l'Orchestre du Gürzenich. Adolf Busch fait à Cologne la connaissance du compositeur Max Reger, avec lequel il va participer à de nombreux concerts. En 1908, à Bonn, il se perfectionne en composition auprès de Hugo Grüters, dont il deviendra le gendre en 1913. Il est nommé en 1912 Konzertmeister (premier violon solo) de l'orchestre du Konzertverein de Vienne (futur Orchestre symphonique de Vienne). En 1913, à l'instigation du directeur de cet orchestre, Ferdinand Löwe, il fonde un quatuor à cordes, le Quatuor du Konzertverein (Wiener Konzertvereins-Quartett), dont les activités seront interrompues pendant la Première Guerre mondiale. Adolf Busch quitte en 1918 le Konzertverein pour succéder à Henri Marteau comme professeur de violon à la Hochschule für Musik de Berlin. Il fait renaître son quatuor en 1919, sous un nom qui deviendra très vite illustre, le Quatuor Busch (Busch-Quartett). Cette formation, l'une des plus prestigieuses de la première moitié du xxe siècle, marquera le répertoire classique et romantique – Beethoven, Schubert et Brahms, notamment – par des interprétations qui restent encore aujourd'hui d'incontournables références. Sa longévité et la stabilité de ses participants sont exceptionnelles : il ne connaîtra en effet que trois années d'interruption (1945-1948) et ne disparaîtra qu'à la mort de son fondateur (1952). Adolf Busch en aura été l'unique premier violon. Au poste de second violon se sont succédé Fritz Rothschild (1913), Karl Reitz (1919-1921), Gösta Andreasson (1921-1945), Ernst Drucker (1948) et Bruno Straumann (1948-1952). L'alto a été tenu par Karl Doktor (1913), Emil Bohnke (1919-1921), Karl Doktor à nouveau (1921-1945) puis Hugo Gottesmann (1948-1952). Le violoncelle n'aura connu que deux titulaires : Paul Grümmer (1913-1930) et son élève, Hermann Busch (1930-1952), frère cadet d'Adolf Busch.
En 1920, Adolf Busch découvre les dons inouïs et la renversante maîtrise d'un pianiste de dix-sept ans à peine, Rudolf Serkin. Le coup de foudre musical est réciproque et définitif. Le jeune homme s'installe dans la famille Busch, multiplie les séances de sonates et de trios avec Adolf et Hermann (Beethoven, Schubert, Brahms) et participe aux prestations de quatuors avec piano avec les membres du Quatuor Busch (Brahms). En 1933, alors que les persécutions nazies se multiplient, les Busch, plutôt que de renoncer à jouer avec leur protégé, qui est juif, préfèrent s'expatrier avec lui en Suisse. Rudolf Serkin épouse en 1935 Irene Busch, la fille aînée d'Adolf. Ce dernier, qui enseigne à Bâle depuis 1927 – où il fut un temps le professeur de Yehudi Menuhin –, adopte la même année la nationalité helvétique. À la fin des années 1930, Adolf Busch fonde en Angleterre un orchestre de chambre, les Busch Chamber Players, qu'il dirige de sa place de violon solo, renouant avec la tradition du xviiie siècle. À l'instar de quelques rares pionniers – Jacques Thibaud ou Edwin Fischer –, il insuffle, grâce à des effectifs[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Autres références
-
SERKIN RUDOLF (1903-1991)
- Écrit par Pierre BRETON
- 1 137 mots
- 1 média
...ses débuts avec l'Orchestre philharmonique de Vienne dans l'épineux Premier Concerto de Mendelssohn. Il a dix-sept ans quand il rencontre Adolf Busch. De ce choc fondamental naît l'influence qui dominera toute sa vie. Le grand violoniste allemand l'installe chez lui, à Berlin, et l'associe à sa...