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LINDBLAD ADOLF FREDERIK (1801-1878)

Compositeur suédois né en Scanie, mort dans l'Ostergötland, Adolf Frederik Lindblad fut le premier des grands compositeurs de mélodies nordiques. Son père adoptif, commerçant, veut lui apprendre son métier ; en vain : le jeune Lindblad joue de la flûte et du piano et cache ses premières partitions dans le grand livre de compte de la boutique ! (À quinze ans, il écrit déjà un concerto pour piano.) En 1817, Lindblad, séjournant à Hambourg pour travailler dans un bureau de compagnie maritime, en profite pour se familiariser avec les œuvres de Beethoven et aussi de Goethe et de Schiller... De retour en Suède, en 1820, il fait en sorte de rejoindre à Uppsala le groupe littéraire et musical qui s'est formé autour du poète et philosophe E. G. Geijer. Aidé par ses amis, Lindblad part faire des études à Berlin en 1825 avec C. F. Zelter. Là il fait la connaissance de Weber et se lie avec Mendelssohn, son jeune camarade d'études. Il complète ses études musicales à Paris avec Logier qui l'introduit à sa nouvelle méthode de piano. Lorsque ce dernier aura fondé son école de musique à Stockholm, il y invitera Lindblad. On compte parmi les élèves de Lindblad les enfants de la famille royale de Suède et la célèbre soprano suédoise Jenny Lind qui, outre ses succès dans le Freischütz de Weber et les opéras italiens (ceux de Bellini notamment), contribuera largement à immortaliser les mélodies de Lindblad. Elle inspirera à Mendelssohn son oratorio : Elias. Lindblad, lui, fait paraître son premier recueil de mélodies en 1823 (sur des textes de Per Daniel Amadeus Atterbom et de Goethe) et deux ans plus tard, des chants populaires avec accompagnement au piano. Dans les années 1840 naquit une controverse autour de Lindblad (sur un simple changement harmonique, osé pour l'époque !) et qui ne prit fin que grâce à l'intervention de L. Spohr depuis Cassel... Dans l'intervalle, en 1830, Lindblad signe une Symphonie en « do » majeur très beethovénienne qui sera révisée ultérieurement par Schumann et exécutée au Gewandhaus de Leipzig par Mendelssohn. Son opéra Frondôrerna (Les Frondeurs) ne fut qu'un demi-succès (à cause du texte). L'essentiel de la production du compositeur réside bien sûr dans ses 215 Mélodies qui lui valurent le surnom de « Schubert suédois ». Mais la constante des mélodies de Lindblad (enfant illégitime élevé rapidement au plus haut rang social) est infiniment plus sociologique que celle des Lieder de Schubert. Lindblad — qui a écrit lui-même plus d'un tiers de ses textes — reste le témoin d'un pays (la Suède) essentiellement rural et sur le point d'entrer dans l'ère industrielle. Lindblad a inventé le « portrait musical », un genre proche de ce que seront ultérieurement en peinture les caricatures : petite paysanne en route pour son travail saisonnier, soldat napoléonien invalide contraint de mendier, jeune ramoneur tremblant de froid, etc., l'univers du compositeur porte témoignage de l'histoire de toutes les couches sociales de la Suède ; c'est ce qui l'a souvent desservi à l'étranger et c'est ce qui lui a valu sa notoriété dans son propre pays.

— Michel VINCENT

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Écrit par

  • : maître en lettres modernes et linguistique générale, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence, producteur à Radio-France, directeur antenne musique, Radio France Internationale

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