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ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)

Alphand urbaniste

La renommée d'Alphand ne cessant de s'étendre, il préside bientôt à l'idée d'ensemble des travaux de Paris. Sa carrière se résume en une ascension irrésistible qui le conduit au sommet de la hiérarchie administrative. En 1867, il conquiert le titre de directeur de la Voie publique et des Promenades. Après avoir pris une part active aux travaux de l'Exposition universelle de 1867 en nivelant le Trocadéro et en créant le parc du Champ-de-Mars, il est promu inspecteur général des Ponts et Chaussées de 2e classe. Il n'a pas à souffrir de la disgrâce du baron Haussmann en 1869, ni de la chute de l'Empire en 1871. Le gouvernement de la Défense nationale lui confie la mise en état des fortifications de Thiers et la construction de bastions avancés. Colonel de la légion du génie de la garde nationale, il reçoit pour adjoint le lieutenant-colonel Eugène Viollet-le-Duc. En 1871, il est promu par décret directeur des Travaux de Paris, réunissant dès lors sous son autorité les services de la Voie publique, des Promenades et Plantations, de l'Architecture et du Plan. Après avoir été l'auxiliaire du préfet le plus puissant de notre histoire, il devient, suivant l'expression d'Haussmann, un « ministre dirigeant ». En 1875, il devient inspecteur général de 1re classe et, en 1878, à la mort de son collègue Belgrand, il ajoute à ses attributions la direction des Eaux et Égouts de Paris, maîtrisant ainsi la totalité de l'espace parisien, aérien et souterrain. La même année, il est appelé à la commission supérieure des Expositions et conçoit le parc du Trocadéro. Il succédera à Haussmann sous la coupole de l'Institut (Académie des beaux-arts) en 1891, année de sa propre disparition.

Dans un ouvrage monumental intitulé Les Promenades de Paris (1867-1873), Alphand décrit avec une grande précision les travaux qu'il a dirigés sous le second Empire. Il y fait montre d'un pragmatisme pondérateur soutenu par une science inépuisable. Plus praticien que théoricien, il a su adapter au milieu urbain le style paysager d'André Thoüin. Évitant « l'affectation du pittoresque », il a pris soin de ne point abuser dans ses jardins « [des] fabriques, des ruines et autres excentricités ». Il a ressuscité la simplicité empreinte de grandeur des premiers jardins anglais bien adaptés à un usage collectif et conformes à son goût personnel. Les allées de ses parcs « présentent un mouvement continu, sans brisure, ni retours multipliés ». Le promeneur voit le paysage changer d'aspect à mesure qu'il se déplace, sans être jamais dérouté. En dehors de quelques sites éminents et dégagés, la promenade doit ignorer la ville. Elle y parvient en se déployant derrière une ligne d'arbustes qui ferme le jardin.

L'attention du jardinier se porte autant sur le dessin du paysage que sur les caractères de la végétation, son volume, sa texture et sa coloration. La minutie et l'ampleur de l'administration d'Alphand sont telles qu'il parvient à penser ses parcs et promenades comme un tout, sans négliger aucun détail. Par son œuvre édilitaire et doctrinale, il établit la liaison entre les jardiniers de l'âge romantique et les premiers urbanistes.

— Michel VERNÈS

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : enseignant à l'U.P.A. numéro 6 de l'École nationale supérieure des beaux-arts
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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