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GOUPIL ADOLPHE (1806-1893)

À la fois marchand et éditeur d'art, Adolphe Goupil créa au xixe siècle un véritable réseau de vente, d'achat et de reproduction d'œuvres d'art de renommée internationale.

Adolphe Goupil est né à Paris en 1806. Il s'associe, en 1829, avec Henri Rittner pour se consacrer au commerce des estampes et lithographies à Paris. À la mort de ce dernier en 1840, Théodore Vibert, éditeur de gravures, lui succède (société Goupil et Vibert). En 1846, la société, qui s'appelle Goupil, Vibert & Cie, connaît une expansion extraordinaire. Elle possède quatre établissements à Paris, place de l'Opéra, rue Chaptal, boulevard Montmartre et rue d'Enghien, et ouvre peu à peu des succursales à New York (1848), Londres (1848), Berlin (1852), La Haye (1861) et Bruxelles (1863).

À la mort de Vibert en 1850, Goupil s'associe à Alfred Mainguet, marchand d'art, puis à son propre fils Léon (de 1854 à sa mort en 1855) et enfin à Léon Boussod (de 1856 à 1884), sous la raison sociale Goupil & Cie. Il sera aussi secondé par son fils Albert (de 1872 à sa mort en 1884) et par René Valadon (de 1872 à 1884).

Spécialisé dans l'édition et le commerce d'estampes originales et d'interprétation, Goupil s'attache le service de graveurs ou lithographes de renom comme Henriquel-Dupont, Prévost, Martinet, Mercuri, Mouilleron, Calamatta, Javez et Waltner. Il édite des copies de maîtres anciens (Raphaël, Michel-Ange, Titien, Véronèse ou Murillo) et des peintres contemporains (Ingres, Delaroche, Bouguereau, Cabanel, Gérôme, son gendre, Jalabert ou Scheffer).

À partir de 1853, Goupil & Cie se lance dans la publication d'albums illustrés de photographies de monuments ou de reproductions d'œuvres d'art. Sont ainsi édités les albums de F. A. Renard, Félix Teynard, Charles Nègre, Bisson Frères, Robert Bingham et Benjamin Delessert. Comme pour Blanquart-Evrard ou les frères Bisson, les années 1850 correspondent pour Goupil à un essor des publications photographiques, mais la rentabilité de ces albums reste faible.

À partir des années 1860, les reproductions photographiques d'œuvres d'art sont éditées en masse chez Goupil qui charge l'ingénieur Henri Rousselon (1822-1902) de créer et de diriger les ateliers photographiques de la firme, situés boulevard Pereire à Paris (1860), puis à Asnières à partir de 1869. Goupil s'alloue alors le service de photographes tels que Bingham, Michelez, Collin et Volland pour la reproduction d'œuvres exposées au Salon et dans sa propre galerie située rue Chaptal. Il se lance dans la diffusion de grandes séries, strictement définies et standardisées – La Galerie photographique en 1859, Le Musée Goupil et les Cartes de visite en 1860, et les Cartes albums en 1872 – qui constituent l'essentiel de sa production, créant sur plusieurs décennies un ensemble de collections variées à un prix abordable.

La production passera à une échelle industrielle à partir des années 1870, avec l'utilisation de la photoglyptie (1867), d'une machine à vapeur (1869), de la photogravure (1872) améliorée par Rousselon, et de la typogravure appliquée par Michel Manzi, qui a succédé à Rousselon en 1884. Goupil rivalise ainsi avec les grandes firmes photographiques telles que Braun et Alinari. D'une manière générale, les photographies de gravures et de tableaux représentent les artistes du « juste milieu » déjà présents dans le fonds Goupil. L'éclectisme qu'elles reflètent s'inscrit dans une volonté didactique de former le « bon goût » du public.

Mais les années 1860 marquent surtout l'affirmation de la maison Goupil sur le marché de l'art. Avec l'ouverture de sa galerie d'art en 1860 et l'arrivée dans la société en 1861 de Vincent Van Gogh, marchand de tableaux installé à La Haye, le commerce[...]

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Écrit par

  • : historienne de la photographie, D.E.A. d'histoire de l'art, chargée de cours à l'université de Strasbourg-II

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