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CASSANDRE ADOLPHE JEAN-MARIE MOURON dit (1901-1968)

Vers le graphisme pur

De 1924 à 1927, un contrat d'exclusivité le lie à l'éditeur Hachard & Cie. Cette collaboration s'achève par deux chefs-d'œuvre : Nord Express et Étoile du Nord. S'appuyant sur des structures géométriques modulaires, auxquelles le texte contribue pleinement, Cassandre « déplace » les principes traditionnels de la perspective, en amplifiant leurs effets. Il s'agit à la fois de décrire une locomotive ou des rails filant vers l'horizon et d'offrir une « nouvelle vision », fruit de l'élargissement de l'espace créé par la vitesse.

Dans un autre registre, il conçoit la formule de Vu, premier magazine de photo-reportage, lancé en 1928, ainsi que les catalogues des établissements Nicolas. Cette diversification le conduit à fonder l'Alliance graphique, en 1930, avec l'affichiste Charles Loupot et le publicitaire Maurice Moyrand, véritable studio de graphisme où sont produits aussi bien des affiches, que d'importants travaux de ville et d'édition. Parallèlement, il poursuit ses recherches typographiques avec l'Acier (1930), caractère de titre, également édité par la fonderie Deberny & Peignot.

Au tournant des années 1930, ses affiches, à destination des Pays-Bas tout particulièrement, organisées souvent autour de puissantes compositions typographiques (Van Nelle, 1931), ou ses couvertures des revues Acier et Arts et métiers graphiques dénotent une nette tendance à l'abstraction. Il est d'ailleurs membre de l'association Abstraction-Création, aux côtés de Mondrian, Léger, Le Corbusier, Kandinsky, Van Doesburg, etc.

À partir de 1932, il tempère son évolution vers la pure géométrie des formes, donnant plusieurs affiches dans un style objectif (Unic, Pathé), où sa virtuosité « hyperréaliste » s'impose. D'autre part, en créant le célèbre triptyque Dubo-Dubon-Dubonnet, il renoue avec la tradition du personnage type et de la caricature dans l'affiche française, tout en perpétuant ses conceptions architecturales.

Désormais, il cherche à conjuguer tradition et modernité. La commande de Louis Jouvet pour les décors et les costumes de la pièce de Jean Giraudoux Amphitryon 38, en 1933, lui permet d'exprimer pleinement cette volonté en dehors de son domaine de prédilection.

En 1934, il signe un contrat d'exclusivité avec l'éditeur et imprimeur Draeger. Lequel publie un magnifique recueil de ses créations, Le Spectacle est dans la rue, préfacé par Blaise Cendrars (1935). De l'Étoile du nord au Normandie, ce recueil constitue le final d'une symphonie visuelle dont il a été le grand orchestrateur depuis dix ans. Cependant, la rencontre avec le jeune peintre Balthus provoque alors une forte impression sur l'affichiste au sommet de son art et, selon Raymond Savignac, « redonne vie au démon de la peinture que la publicité avait endormi en lui ».

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Écrit par

  • : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

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