ADONIS, botanique
Rare et localisé en France (où les récolteurs des laboratoires pharmaceutiques le mettent en danger de régression), l'adonis printanier (renonculacée) n'y a jamais pris place dans la pharmacopée populaire. Dans le centre et le sud-est de l'Europe, où il est bien plus répandu, il a connu des emplois très anciens, tant comme diurétique que comme succédané de l'hellébore noir, avec lequel il a des parentés pharmacologiques. Il n'apparaît toutefois dans la littérature médicale qu'au xvie siècle.
Deux glucosides, l'adonidoside et l'adonivernoside (autrefois confondus sous le nom d'adonidine), sont à l'origine des propriétés médicinales et de la haute toxicité de l'adonis printanier (Adonis vernalis L.). L'adonidoside, agissant spécialement au niveau cardiaque et sur les muscles lisses des vaisseaux et de l'intestin, est, à forte dose, un poison du cœur entraînant son arrêt en systole. Les effets de l'adonidoside intéressent le système nerveux central : la mort survient par paralysie du centre respiratoire. La dose mortelle d'adonidine serait, pour l'homme, de 0,6 gramme.
Aux doses médicinales, cardiotonique de grande valeur, voisin de la digitale et susceptible de la remplacer en certains cas, l'adonidoside accroît l'énergie du cœur, régularise et ralentit ses mouvements, diminue son volume. Indiqué dans l'insuffisance cardiaque, l'asthme cardiaque, la dyspnée, les palpitations, l'angine de poitrine, l'adonis a, par son adonivernoside, des effets diurétiques directs prononcés qui s'ajoutent à ceux, indirects (accélération de l'irrigation rénale), de l'adonidoside ; il est aussi sédatif. La plante réalise donc une synergie salutaire aux cardio-rénaux et s'administre utilement dans les néphrites qui leur sont propres, l'œdème pulmonaire et les hydropisies liées à un affaiblissement du travail rénal. Dans les cardiopathies infectieuses, elle soutient le cœur tout en favorisant l'élimination des toxines. Employé prudemment, l'adonis ne provoque ni irritation ni accoutumance. L'infusion serait le mode d'administration le plus efficace (4 à 8 g de plante entière sèche, sans les racines, pour 250 g d'eau ; à prendre en trois à six fois dans les 24 h), mais la teinture permet un dosage plus sûr : 5 à 10 gouttes trois fois par jour sous surveillance médicale.
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Écrit par
- Pierre LIEUTAGHI : écrivain, lauréat de la Société botanique de France
Classification
Autres références
-
POLYCARPIQUES ou RANALES
- Écrit par Georges MANGENOT
- 4 985 mots
- 9 médias
...de pieds-d'alouette, convenant au commerce de la fleur coupée ou à la décoration des jardins. La plupart des Renonculacées sont vénéneuses en raison des substances qu'elles élaborent : alcaloïdes des aconits, hétérosides desadonis, principes âcres et vésicants des renoncules et des anémones, etc.