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DE VRIES ADRIAEN (1546 env.-1626)

Sculpteur néerlandais, Adriaen de Vries (ou, mieux, de Fries) naquit à La Haye en 1546 (ou peut-être en 1545, puisqu'une médaille, exécutée sans doute à l'occasion de sa mort, le 15 décembre 1626, le dit âgé de quatre-vingt-un ans). À une date inconnue, il entra dans l'atelier de Jean Bologne (dit Giambologna), à Florence, et y travailla sans doute pendant une longue période : connu sous le nom d'Adriano Fiammingo, il était l'un des collaborateurs attitrés du maître et, à ce titre, participa en particulier au décor de la chapelle Grimaldi à San Francesco di Casteletto à Gênes (1579-1585). En 1588, il travaille à Turin pour la cour du duc Charles-Emmanuel de Savoie et, en 1593, exécute deux grands groupes de bronze qui furent acquis par l'empereur Rodolphe II et placés au château de Prague : Mercure emportant Psyché (Louvre, Paris) et Psyché portée par les Amours (Musée national, Stockholm). Après un bref séjour à La Haye, en 1594, peu après la mort de son père, Adriaen s'établit à Augsbourg : deux fontaines de bronze, la Merkurbrunnen et l'Herculesbrunnen, témoignent de son activité dans cette ville. En 1601, il est nommé sculpteur de la chambre (Kammerbildhauer) par l'empereur Rodolphe II, dont il sera l'artiste favori : il exécute alors plusieurs bustes de l'empereur (Kunsthistorisches Museum, Vienne, et Victoria and Albert Museum, Londres), le groupe La Vertu terrassant le Vice (National Gallery, Washington), et de nombreux petits bronzes. Après la mort de son protecteur (1612), il reçut des commandes du prince Ernest von Schaumburg-Lippe (fonts baptismaux de l'église évangélique de Bückeburg, 1615 ; tombeau du prince [mort en 1622] dans l'église Saint-Martin de Stadthagen, 1618-1621) et du roi de Danemark, Christian IV (fontaine de Neptune pour le château de Frederiksborg, 1616-1622). Son dernier protecteur fut le prince Albrecht von Wallenstein, qui lui commanda en 1622, pour les jardins de son palais de Prague, une fontaine (Neptunsbrunnen) et cinq groupes ou statues isolées (Laocoon, Vénus et Adonis, Les Lutteurs, Apollon et Bacchus). À la mort de l'artiste, certaines pièces n'étaient pas encore tout à fait achevées.

Adriaen de Vries est un artiste très original, désormais reconnu comme le meilleur sculpteur de son temps, bronzier étonnant, capable de toutes les prouesses techniques. Il a certes beaucoup emprunté à Jean Bologne dans ses premières œuvres, mais il évolua rapidement dans un sens moins linéaire. Il sut donner une interprétation très personnelle du maniérisme, passant au cours de sa carrière de formes lisses à des créations pleines de tension, puis à des volumes fluides aux surfaces frémissantes. C'est dans ses remarquables bronzes représentant des chevaux qu'Adriaen de Vries montra son autonomie croissante vis-à-vis de Jean Bologne en accentuant leur naturalisme (Cheval au trot, 1607, Musée national, Stockholm) puis en insufflant une énergie protobaroque à son Cheval cabré (env. 1605-1610[ ?], J. P. Getty Museum, Malibu). Paradoxalement, c'est essentiellement en Suède qu'il faut aujourd'hui aller chercher l'essentiel de son œuvre. Les armées de Gustave-Adolphe emportèrent comme butin de nombreux bronzes d'Adriaen de Vries, et le château de Drottingholm conserve une dizaine d'œuvres de sa main, dont plusieurs des groupes exécutés pour Rodolphe II, la Neptunsbrunnen de Frederiksborg, de nombreuses statues, ainsi que la fontaine des jardins du palais Wallenstein, à Prague.

— Jean-René GABORIT

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Écrit par

  • : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre

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  • MANIÉRISME

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    C'est le même but que poursuivent, jusqu'à la fin du siècle, avec un accent plus voluptueux, le Flamand Adrien de Vries qui travaille à Munich ou à Prague (Mercure et Psyché, 1593, Louvre) ou Hubert Gerhard (1540-1620) à Augsbourg (Vénus, Mars et Cupidon, env. 1590), tous deux formés à Florence....