DUPORT ADRIEN (1759-1798)
Issu de la petite noblesse, Adrien Duport devient conseiller à la Chambre des enquêtes, entre dans la franc-maçonnerie, et joue un très grand rôle dans les milieux libéraux à la veille de la Révolution de 1789. Député de la noblesse de Paris aux États-généraux, il est l'un de ceux qui contribuent à populariser le mot « républicain ». Dès juin 1789, il écrit « qu'il préfère la république à la monarchie », et à ceux qui souhaitent une révolution à l'anglaise et superficielle, il déclare : « Labourez profond », mais il ne mettra pas ses résolutions en pratique. Il est, en novembre 1790, signataire de l'acte constitutif de la Société des amis de la Constitution et de la liberté qui deviendra le club des Jacobins. Au début de l'été 1789, Duport forme, avec Barnave et Alexandre Lameth, le triumvirat qui prend la tête du parti patriote ; il se révèle un orateur profond et élégant et intervient fréquemment à la tribune de l'Assemblée constituante. Rédacteur de la Déclaration des droits, il fait également repousser le bicamérisme dans le projet de constitution de 1791 et adopter le veto suspensif dont pouvait se servir le roi. Il joue un très grand rôle dans la réforme de l'administration et, plus encore, dans celle de la justice. Avec ses amis du triumvirat, il dispute au club des Feuillants la prépondérance à La Fayette. Effrayé par les progrès des démocrates et par l'agitation populaire, le triumvirat, voulant arrêter la Révolution, se rapproche de La Fayette et entreprend de remplacer Mirabeau, comme conseiller de la Cour, qui écoute mais ne suit pas ses conseils. Avec l'argent du roi, Duport fonde L'Indicateur. Après la fuite du roi à Varennes, Duport fait triompher la thèse de l'enlèvement ; il réclame une aggravation du cens électoral. En politique étrangère, il se montre partisan de l'alliance autrichienne, craignant que la guerre n'entraîne le triomphe de la Révolution populaire. Par l'intermédiaire de la reine, il fait passer des lettres à l'empereur d'Autriche dans lesquelles il met en lumière les dangers de la guerre pour l'Empire et pour l'Europe et lui conseille de s'abstenir de toute intervention dans les affaires intérieures de la France. Il prend la fuite après le 10 août 1792, mais il est arrêté près de Melun ; Lameth obtient de Danton sa libération et Duport peut passer en Angleterre puis en Suisse. Rentré après le 9-Thermidor, il est expulsé après le 18 fructidor an V, et il meurt peu après.
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Écrit par
- Roger DUFRAISSE : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Caen
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